La technologie pour scruter les ouragans

Par AFP/Nautisme.com

La science et la technologie permettent aujourd'hui de scruter le coeur des ouragans en temps réel et de faire des prévisions fiables plusieurs jours à l'avance, expliquent des scientifiques tout en reconnaissant qu'une part d'incertitude subsiste.

La science et la technologie permettent aujourd'hui de scruter le coeur des ouragans en temps réel et de faire des prévisions fiables plusieurs jours à l'avance, expliquent des scientifiques tout en reconnaissant qu'une part d'incertitude subsiste.

Utilisant deux avions, deux drones militaires reconvertis (Global Hawks), des ballons et des satellites qui surveillent en continu les cyclones sous divers angles, "ces observations nous disent vraiment ce qui se passe au moment présent", explique Frank Marks, patron de la division de la recherche sur les ouragans à l'Agence océanique et atmosphérique américaine (NOAA). "Et ces observations sont extrêmement utiles pour améliorer notre capacité de prévision", assure-t-il dans un entretien avec l'AFP.

Toutes les données recueillies sont aussitôt transmises dans les centres de traitement et injectées dans les modèles d'ordinateurs qui produisent une prévision au Centre national des ouragans situé à Miami, en Floride. "Notre capacité à faire des prévisions fiables s'est drastiquement améliorée au cours des 35 dernières années", ajoute-t-il.

Au début de sa carrière en 1980, une projection ne dépassait pas deux jours, comparativement à cinq jours il y a quinze ans, et jusqu'à sept jours aujourd'hui, note Frank Marks.

De meilleures prévisions aident les autorités à mieux évaluer la nécessité d'évacuer les populations, souligne l'expert alors qu'il s'apprête à effectuer dans la nuit de jeudi à vendredi un nouveau vol d'observation de huit heures de l'ouragan Matthew. Selon la Nasa, près de 100 millions d'Américains vivent à moins de 80 km d'une côte et sont donc potentiellement exposés à la puissance des ouragans.

Si les projections sur la trajectoire de ces dépressions géantes se sont nettement améliorées ces dernières décennies, les prévisions portant sur leur puissance ont moins progressé, précise Scott Brawn, un météorologue du Centre Goddard des vols spatiaux de la Nasa dans le Maryland. On n'explique pas vraiment les mécanismes qui produisent dans 5% de ces tempêtes tropicales, une soudaine accélération de leur intensité.

Le 30 septembre, Matthew est ainsi passé en l'espace de 18 heures de la catégorie 1 à la catégorie 5 sur l'échelle de Saffir-Simpson, a-t-il relevé. "Même si la science était parfaite avec toutes les bonnes équations, on ne peut pas prévoir une accélération de la puissance des cyclones car il y a apparemment des facteurs aléatoires impossibles à mesurer comme l'état initial de l'atmosphère", explique Owen Kelley, un chercheur du centre Goddard. "Dans certains cas, cela peut invalider les prévisions", ajoute-t-il reconnaissant qu'il s'agit "d'une faiblesse" du système dont on a pris conscience il y a seulement dix ans.

Il a aussi observé que parfois les prévisions sur le moment et l'endroit où un ouragan va toucher la côte restent incertaines jusque dans les dernières heures, comme dans le cas de Matthew. "Il se dirige vers la côte selon un angle très oblique et une légère inflexion pourrait lui faire toucher les terres plus tôt et plus loin de l'endroit prévu", avait relevé Owen Kelley alors que Matthew se rapprochait des côtes de Floride.

Le rôle du réchauffement climatique dans la formation des ouragans de grande puissance, dont le nombre a augmenté ces dix dernières années, n'est pas notable, juge quant à lui Frank Marks. Il a expliqué que cet accroissement correspondait en fait à des cycles naturels actifs et inactifs d'une trentaine d'années liés à l'oscillation nord-atlantique, un phénomène touchant le système climatique du nord de l'océan Atlantique.

Ainsi les années 1940 et 1950 ont connu des ouragans de grande puissance tandis que les décennies 70 et 80 ont été très calmes, a rappelé le scientifique de la NOAA. "Je n'ai pas constaté de signaux notables du réchauffement climatique dans mes observations des ouragans ces 35 dernières années", a-t-il dit suggérant que la période est probablement trop courte. "Les signaux du réchauffement sont beaucoup plus forts dans l'Arctique mais apparemment nettement plus subtils dans les tropiques", a-t-il ajouté.


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Nathalie Moreau
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Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
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Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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