Arctique: un territoire fragile menacé

Par AFP/Nautisme.com

L'interdiction de procéder à de nouveaux forages dans les eaux arctiques américaines et canadiennes, annoncée mardi, vise à protéger l'une des dernières zones vierges de la planète, déjà fragilisée par le réchauffement climatique: revue des principaux enjeux de ce territoire extrême.

L'interdiction de procéder à de nouveaux forages dans les eaux arctiques américaines et canadiennes, annoncée mardi, vise à protéger l'une des dernières zones vierges de la planète, déjà fragilisée par le réchauffement climatique: revue des principaux enjeux de ce territoire extrême.

Quelle protection pour l'Arctique?
La zone arctique s'étend du Pôle Nord au cercle polaire arctique (66° de latitude), soit environ 21 millions de km2. Elle comprend l'océan Arctique, dont une partie dégèle l'été, et des terres (Canada, États-Unis avec l'Alaska, Danemark avec le Groenland, la Russie, la Norvège avec l'archipel du Svalbard et l'Islande).
L'océan (14 millions de km2) englobe notamment les mers de Barents, des Tchouktches, de Beaufort, du Labrador, du Groenland, de Norvège, de Sibérie orientale, etc.
Certaines eaux sont sous juridiction nationale mais, au delà de cette limite, les territoires ne sont soumis à aucune réglementation, contrairement à l'Antarctique protégé par un traité international.
Un conseil de l'Arctique, forum intergouvernemental, réunit les nations riveraines de l'océan Arctique, ainsi que la Finlande et la Suède. Son champ d'intervention s'est à ce jour borné à des accords sur le sauvetage en mer et les secours en cas de marée noire.
Un nouvel accord sur la coopération scientifique devrait voir le jour en 2017, selon Laurent Mayet, représentant de la France pour les pôles.

Les principaux enjeux environnementaux

L'Arctique est un milieu fragile, où le développement de la vie est ralenti par des températures très basses et une très faible luminosité une grande partie de l'année.
Le réchauffement climatique, qui réduit l'étendue de la banquise, est une menace pour plusieurs espèces emblématiques comme les ours polaires et les phoques. Les eaux devenant plus chaudes, de nouvelles espèces de poissons et d'algues y migrent, parfois au détriment des espèces endémiques.
Si des activités humaines devaient s'y développer (pêche, transports de marchandises, tourisme, forages miniers, pétroliers ou gaziers), la faune aquatique serait affectée par la pollution sonore et de l'eau.

Dans cette zone, l'impact de forages défectueux est démultiplié car dans les eaux glacées, il n'existe pas de méthode rapide et efficace pour contenir et nettoyer les fuites d'hydrocarbures. Compte tenu de la fragilité des milieux et des difficultés d'intervention, une marée noire aurait des dégâts irréversibles.
Pour limiter la hausse de la température mondiale en dessous 2°C - l'objectif de la communauté internationale - environ deux tiers des réserves fossiles connues (pétrole, charbon, gaz) doivent être laissées dans le sol : une estimation incompatible avec l'exploitation de l'Arctique.

Un effet d'entraînement?
Les États-Unis ont banni la prospection pétrolière et gazière dans les mers des Tchouktches et de Beaufort et le Canada dans ses eaux. Selon Laurent Mayet, il faut examiner cette décision à l'aune de la situation des États-Unis, qui ont regagné leur indépendance énergétique en misant sur les gaz de schiste, et du Canada, qui mise sur les sables bitumineux.

La situation est totalement différente pour la Norvège et la Russie, qui délivrent régulièrement des permis d'exploration et d'exploitation dans la zone arctique et qui vont sans doute continuer à le faire. "L'équilibre économico-énergétique de l'Amérique du Nord n'est pas celui de la Russie ou de la Norvège", bien plus dépendants de l'exploitation des hydrocarbures de l'Arctique, résume le diplomate français.

Des forages dans les zones concernées par l'interdiction?
En 2015, Shell a prospecté dans la mer de Tchouktches grâce à une licence accordée par le président américain Barack Obama. Le géant pétrolier a ensuite mis fin à ce forage, qui s'est révélé décevant.

Selon Pierre Terzian, directeur de Pétrostratégies, "il n'y avait pas de projet imminent de prospection" dans les eaux arctiques américaines ou canadiennes. "Pourquoi aller en Arctique alors qu'il y a plein de pétrole ailleurs, que c'est techniquement coûteux et dangereux et que cela présente des risques en terme d'image"? D'autant que la baisse des prix du pétrole a entamé la capacité d'investissement des sociétés et rendu les forages dans ces zones hostiles absolument pas rentables.

Les seuls forages exploités se situent à proximité des côtes russes et dans les eaux norvégiennes, précise Pierre Terzian pour qui la décision d'Obama est "un message politique", pas une décision ayant un impact immédiat.

"La meilleur garantie pour l'Arctique, c'est un pétrole pas cher", résume-t-il.


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Nathalie Moreau
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Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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