Alex Thomson est revenu à 67 milles d'Armel Le Cléac'h ! Celui-ci se démène comme un beau diable pour progresser tant bien que mal vers le Nord en voyant son avance se réduire comme peau de chagrin. Le Hongrois Nandor Fa, lui, s'apprête à doubler le cap Horn.
Voici donc venue la dernière semaine complète de course pour Armel Le Cléac'h et Alex Thomson, attendus aux Sables d'Olonne dans huit jours maintenant, avec une probabilité d'arrivée le mardi 17 janvier. L'estimation est à prendre avec des pincettes. Parce qu'il reste 2900 milles pas simples du tout à couvrir et parce que le vent qu'ils reçoivent en réalité sur l'eau n'est pas toujours celui qu'indiquent les fichiers de vent, dans cette zone de toutes les incertitudes qu'est le pot au noir. Un pot au noir particulièrement large et qui a beaucoup fait gamberger le skipper de Banque Populaire VIII, contraint de beaucoup manœuvrer cette nuit encore à la recherche du moindre souffle, pendant que Hugo Boss était certes lui aussi ralenti mais pouvait se permettre un « tout droit » d'une douzaine d'heures qui lui a permis de regagner beaucoup de milles. En 48 heures dans ce marasme météorologique, l'avance d'Armel Le Cléach' sur Alex Thomson a fondu de 186 milles samedi à moins de 68 milles ce lundi matin. Et quand on jette un œil aux progressions sur 24 heures, elles sont très parlantes : du premier au troisième - Jérémie Beyou, Maître CoQ - ils ont parcouru respectivement grosso modo 100, 200 et 300 milles…
Par ici la sortie ?
La sortie du pot, prévue aujourd'hui, est-elle en train de se profiler ? C'est l'espoir des supporters d'Armel Le Cléac'h ce matin via un tout petit indicateur : la vitesse sur la dernière demi-heure avant le pointage, où Banque Populaire flirte avec les 11 nœuds alors qu'Alex Thomson dépasse à peine 6,5 nœuds. Un indicateur fragile dans cette zone de grains et d'instabilité : en milieu de nuit c'était strictement l'inverse et entre 22h hier soir et 4h ce matin Hugo Boss a navigué deux fois plus vite que Banque Populaire VIII. A surveiller de près donc : est-ce le fameux vent d'Est tant attendu ou juste un caprice local ? Armel Le Cléac'h a bien joué en fermant la porte d'une route dans l'Est à son principal concurrent. Il reste pour le moment bien placé entre l'arrivée et son poursuivant. Alex Thomson est « dans la boîte » comme on dit en régate, mais sa double réussite dans la traversée du pot au noir – à l'aller et maintenant au retour - n'est pas de nature à rassurer le leader qui n'a désormais plus aucun droit à l'erreur. Nous n'avons pas pu joindre Armel Le Cléac'h à la vacation de 4h30 ce matin et cela n'a rien d'étonnant : il a beaucoup à faire pour sauver son leadership en ce moment. Le skipper de Banque Populaire ayant été le plus lent de toute la flotte ces dernières 24 heures (avec Arnaud Boissières pris dans la pétole, elle aussi inhabituelle, du Pacifique), cela profite évidemment à… tous les autres. Jérémie Beyou, dans l'alizé, est maintenant à 500 milles d'Alex Thomson. Du trio suivant, c'est Jean-Pierre Dick (StMichel-Virbac) qui s'en sort le mieux et consolide sa 4e place en ayant parcouru une cinquantaine de milles de plus que les duettistes Jean Le Cam (Finistère Mer Vent) et Yann Eliès (Quéguiner-Leucémie Espoir), toujours en combat rapproché.
Le Horn pour Nandor Fa
Un millier de milles derrière eux, Louis Burton (Bureau Vallée) bute dans une zone de transition au large de l'Uruguay et va être ralenti quelques heures. Rien de bien méchant puisqu'il a énormément de marge - près de 2000 milles - sur le huitième qui n'est autre que le hongrois Nandor Fa (Spirit of Hungary), lequel est en approche du cap Horn pour la 5e fois de sa carrière de marin. Nandor Fa sera donc ce matin le huitième marin du Vendée Globe à faire son entrée dans l'Atlantique, à un classement qu'il n'aurait jamais osé espérer avant le départ des Sables d'Olonne, voilà presque 64 jours. Idem pour Eric Bellion (CommeUnSeulHomme), une des révélations de ce tour du monde qui en devance désormais une autre : le Kiwi Conrad Colman. Foresight Natural Energy est certes handicapé par la perte de deux importantes voiles d'avant, mais c'est bien lui qui boucle pour l'instant le Top Ten de ce Vendée Globe. Bellion et Colman ne sont plus qu'à 800 milles du cap Horn et on note que CommeUnSeulHomme, bien poussé par un vent de sud-ouest régulier - signe une nouvelle fois la meilleure progression de la flotte sur 24 heures : 367 milles.
Ses quatre compagnons de l'ex « Club des Cinq » à qui il a promptement faussé compagnie, ne peuvent en dire autant : Arnaud Boissières, Fabrice Amedeo et Alan Roura ont vécu de longues heures de pétole ce week-end (pas de vent ou presque et du soleil en plein Pacifique Sud !). Rich Wilson en a profité pour leur reprendre une centaine de milles et recoller. Ils repartent tranquillement ce matin, avec des vitesses de l'ordre d'une dizaine de nœuds.
Aux 15e et 16e places, 1300 milles dans l'Est de la Nouvelle-Zélande, Didac Costa (One Planet One Ocean) et Romain Attanasio (Famille Mary-Etamine du Lys) sont eux aussi passagèrement ralentis ce matin. Encore 700 milles derrière eux, Pieter Heerema (No Way Back) n'a pu couvrir que 193 milles en 24 heures. C'est 106 de moins que Sébastien Destremau, dont le TechnoFirst-faceOcean qui ferme la marche en 18e position glisse bien maintenant, dans le Sud-Ouest de l'île du Sud.