Ces derniers jours, le trois-mâts a subi en moyenne un coup de vent force huit par vingt-quatre heures. Certaines rafales ont même atteint force dix. Chacun, à bord, a en effet donné 150% de son énergie, de sa force et de son courage pour manœuvrer les voiles à toute heure dans un navire soumis à la gîte et au roulis incessants. « S'habiller, se déplacer sur le pont ou dans le bateau, et même simplement transporter une assiette de soupe étaient devenus, dans ces conditions, des opérations délicates. Par moment, dormir était presque impossible tant les mouvements du bateaux étaient violents. » raconte un gabier. Il fallait pourtant monter dans les mâts, serrer les voiles dans les grains, barrer vingt-quatre heures sur vingt-quatre... Au plus dur de la tempête, cinq personnes furent nécessaires pour barrer.
Pour beaucoup de gabiers, la magie du spectacle marin et la vision du navire lancé à neuf ou dix nœuds dans les vagues resteront gravés comme un souvenir puissant mais c'est surtout l'aventure humaine qui a marqué les gabiers. Cette expérience a resserré les rangs et soudé les marins entre eux. Beaucoup ne se connaissaient pas en quittant La Rochelle. À l'arrivée à Tanger, ils forment un équipage fier et heureux de ce qu'il a accompli.
L'Hermione restera à Tanger jusqu'au 12 mars avant de reprendre la mer direction Barcelone.