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"Ça grouillait de poissons ici avant", soupire le garde forestier André Donker, les cris d'oiseaux migrateurs encore en tête et le regard perdu dans les flots gris et agités du Markermeer, l'un des plus grands lacs d'eau douce d'Europe. Autrefois précieux atout écologique, cette vaste étendue d'eau de 700 km2 dans le nord des Pays-Bas, qui permet de réguler le niveau des flots dans le reste du pays, n'est plus qu'une masse trouble dépourvue de vie aquatique.
C'est pourquoi un archipel de cinq îlots a récemment été construit, selon une technique innovante, avec un seul et unique dessein: booster l'écosystème du lac. C'est l'une "des plus grandes opérations de restauration de la nature en Europe", souligne M. Donker.
Le projet, lancé par Natuurmonumenten, une ONG pour la préservation de la nature aux Pays-Bas, a coûté 60 millions d'euros. Les îles ont pu voir le jour grâce à des dons de particuliers et à un partenariat regroupant l'ONG, le ministère de l'Agriculture, le ministère des Infrastructures et de la gestion de l'eau, des associations de pêcheurs et de protection de la faune et de la flore, ainsi que les Régions Flevoland et Hollande du Nord.
Fidèles à leur réputation d'experts en gestion de l'eau, les Néerlandais ont innové: les îlots ont notamment été construits avec du limon, une formation sédimentaire qui se situe entre argile et sable.
Sur l'île principale, ouverte au public, ont été construits trois observatoires d'oiseaux, également en bois, ainsi qu'une habitation pour le gardien de l'île et 12 kilomètres de passerelles et de routes. Non goudronnées bien sûr. Les quatre autres îles sont exclusivement réservées à la faune et la flore. Un espace unique entièrement dédié à la biodiversité et rendu à la nature.