Belle-Île restera dans les annales de cette première étape de la cinquantième édition de La Solitaire URGO Le Figaro : c’est à son passage que la flotte des 47 Figaro Bénéteau 3 s’est éclatée entre un « bleu » échappé, un groupe extérieur en difficulté et un pack intérieur délité. Dans une brise toujours évanescente, les écarts se sont sensiblement creusés !
Henri Leménicier (Eurêka) était toujours largement en tête de la flotte avant le lever du jour : quand il était en approche des Glénans, Julien Pulvé (Team Vendée Formation) naviguait au large de Groix et Pierre Quiroga (Skipper Macif 2019) débordait enfin la grande île… Le « bleu » va-t-il refaire le coup de Laurent Bourgnon en 1988 ? S’échapper tout seul et creuser encore l’écart pour s’imposer à Kinsale ? La route est encore longue et tout le monde attend un changement radical des conditions météorologiques : une dépression va balayer le Sud Bretagne dès ce midi en bouleversant totalement la méthodologie pour passer la pointe bretonne et piquer sur l’Irlande.
Et pour ceux qui ont opté pour un passage à l’extérieur de Belle-Île, la nuit a été très rude : seul Pierre Quiroga (Skipper Macif 2019) s’en sort à peu près ! Car pour les autres, ce fut un calvaire pour tirer des bords et s’éloigner des falaises : les grands perdants de cette redistribution sont incontestablement Adrien Hardy (Sans nature, pas de futur) désormais 12ème à 27 milles du leader et Michel Desjoyeaux (Lumibird) à près de 30 milles… Mais il y a d’autres grands perdants dans cette opération tels Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) aux prises en compagnie de Cécile Laguette (Eclisse) avec les calmes de Houat ou Alain Gautier (Merci pour ces 30 ans) empêtré au large de Belle-Île.
L’objectif reste le passage de Sein mais ce sont l’heure de la marée et les conditions météorologiques à ce moment-là qui vont déterminer s’il est possible d’embouquer le raz de Sein ou s’il faudra faire le grand tour par l’extérieur du phare d’Ar Men. Car avec un courant contraire et un vent de Sud à plus de trente nœuds, difficile d’imaginer s’engager dans une telle bouilloire ! Or la marée montante de ce mardi débute à 12h25 et se termine à 18h38 (référence Sein)… Avec 88 de coefficient. Il va falloir que la dépression attendue arrive vraiment à l’heure pour que toute la flotte puisse déborder la pointe bretonne avant la fin de l’après-midi ! Autrement, les écarts vont encore s’accroitre entre ce leader imprévu et le peloton.