À bord de Newrest – Art & Fenêtres, Fabrice Amedeo disposera de deux systèmes, OSCAR et Whale Shield, destinés à éviter les collisions avec les OFNI (objets flottants non identifiés) et avec les cétacés. Des avancées technologiques pleines de promesses, mais aussi un saut dans l’inconnu car rien ne garantit aujourd’hui qu’ils fonctionnent. Pour en savoir plus, le skipper a fait appel à Olivier Adam, bio-acousticien spécialiste des émissions sonores des cétacés.
« Il y a une vraie omerta sur le sujet, explique Fabrice Amedeo. Les chocs avec les cétacés sont malheureusement fréquents et, à chaque fois, les marins invoquent un choc avec un OFNI pour des raisons d’image. Nous ne voulons pas passer pour des tueurs de baleines. Je pense au contraire qu’il faut en parler car si 30 IMOCA lancés autour du monde n’échappent pas à des chocs avec des cétacés, qu’en est-il de la flotte de commerce mondiale ? ».
L’une des solutions développées récemment pour se protéger des OFNI est le système OSCAR : un boitier rectangulaire placé en tête de mât. Il est composé de deux caméras, une qui identifie les formes en surface et l’autre thermique, qui identifie les contrastes de températures. Elle pourrait donc détecter le corps chaud d’un mammifère marin. Sa portée de détection s’étend jusqu’à 600 mètres. « Si OSCAR détecte un animal ou un objet à la surface de l’eau, sur la route du bateau, une alarme se déclenche instantanément, explique Fabrice. C’est un outil relativement récent qui compte beaucoup sur l’acquisition de données. En somme, plus il y a de bateaux équipés, plus il sera performant ». La moitié de la flotte au départ du Vendée Globe en est équipée.
A l’initiative d’Alex Thomson en début d’année, une deuxième solution a été proposée aux skippers : le Whale Shield. Il s’agit d’un pinger installé à l’avant du bulbe de quille, à 4,50 mètres de profondeur, qui émet un ultra-son supposé écarter les cétacés. Ce système a été développé par une société australienne, Future Oceans, afin d’équiper les filets de pêche pour éviter que les dauphins ne se retrouvent coincés. Cinq bateaux en sont équipés au départ du Vendée Globe. Des questions se posent sur l’efficacité de ce nouveau système qui a besoin de retours d’expériences, et sur la pertinence de le mettre en marche ou pas et dans quelles conditions.
Selon Olivier Adam, il y a 89 espèces de cétacés qui ont toutes des réactions différentes : certaines vont s’éloigner des bateaux, d’autres vont s’approcher et interagir comme les dauphins. « Quand un supertanker ou un ferry percute une baleine, la version officielle est que c’est un accident. Ça peut arriver évidemment... Mais si on va un peu plus loin sur des études de comportement, on s’aperçoit qu’il y a notamment quatre espèces, les cachalots, les baleines à bosses, le rorqual commun et éventuellement la baleine bleue, qui sont particulièrement imposantes, peu manœuvrantes, qui n’ont pas peur de venir à proximité des bateaux et sont curieuses de voir ce qu’il se passe à la surface », explique-t-il. C’est un vrai sujet sur lequel les scientifiques travaillent depuis les vingt dernières années. En course au large, il s’agit de comprendre comment se passent les collisions avec des bateaux potentiellement silencieux et furtifs. Fabrice a cette démarche constructive, il comprend la mer, les problématiques sur l’environnement, donc je trouve que c’est réellement très intéressant. »