Joint à la vacation ce matin, Fabrice Amedeo (Newrest - Art & Fenêtres) poursuit sa route et tente de rattraper la flotte. Il nous parle de sa vie à bord, de son état d'esprit et de ses (nouveaux) objectifs.
" Ça va pas mal. Hier j’ai encore fait du près vers l’Ouest pour passer un front et sortir de tout ça : depuis le cap Finisterre, c’est un petit peu dur. Là je suis en tribord amures pour faire une aile de mouette dans l’anticyclone, je vais bientôt empanner juste après la vacation, et après faire cap au Sud vers les alizés. La mer est assez formée, il y a 20 nœuds de vent, j’avance entre 14 et 20 nœuds suivant les phases, c’est assez irrégulier et il commence à faire doux.
Je mets de la musique pour me donner de courage car ce début de Vendée Globe ne se passe pas comme prévu. J’étais parti avec un objectif de performance et je crois que ça va être un tour du monde de la résilience (rires). Je suis parti assez ambitieux en m’imaginant me battre dans un groupe de bateaux à foils et là ça n’arrivera pas. J’ai en plus quelques soucis à bord donc je ne vais pas attaquer, je vais plutôt naviguer prudemment. Le Vendée Globe est une leçon de vie et là ça va l’être car il va falloir que j’apprenne à être patient et que les rêves ne se réalisent pas toujours comme escomptés. J’ai dû changer d’objectif et tenter d’écrire une nouvelle histoire dans ma tête car ça reste magique de faire un tour du monde sur un bateau comme cela.
J’ai envie de terminer et je vais le terminer donc soit je passe ce Vendée Globe à pleurer, soit je me ressaisis et j’essaye de voir le bon côté des choses et c’est ce que je fais. Ça ne se passe pas forcément comme prévu, mais c’est la vie !
Je me fixe l’objectif de revenir sur les vieux bateaux et de les dépasser mais je ne me fixe pas d’échéances. Une fois que j’aurai dépassé ce groupe de bateaux qui est en mode aventure, le paquet suivant est loin donc ça me semble difficile mais la route est longue. Eric Bellion en 2016 avait fait une mauvaise descente de l’Atlantique et m’avait rattrapé après, donc on verra ce qu’il se passera.
Mon safran bâbord se relève dès que j’attaque un petit peu, il y a un système de hook qui fait qu’en cas de choc avec un OFNI, le safran se relève et ça empêche d’endommager le bateau. Il s’est relevé une première fois hier alors que j’allais à 25 nœuds et une deuxième fois hier lorsque le bateau a commencé à accélérer dans une risée. La bonne nouvelle est que je suis sur l’autre safran pour un petit bout de temps ! "