Doublement cap-hornier depuis hier, à seulement 27 ans, Alan Roura est content d’en avoir presque fini avec le grand Sud. Nous avons joint le skipper de La Fabrique ce mardi matin.
« Je suis en mode petite sieste. Il y a un vent très faible, j'essaie de me reposer un peu. La nuit a été un peu compliquée. Être double cap-hornier, c'est bon ! Je suis content d'avoir passé ce cap, c'est bien cool, mais il reste un sacré bout de route. On est trois au contact, le match est ouvert, c'est reparti.
Le Horn, c'est la porte de sortie du Sud, c'est un soulagement. Mais dans l'Atlantique, on peut aussi avoir des conditions difficiles, C'est un peu plus rassurant parce que la côte est moins loin.
Le vent a tourné petit à petit, il y a eu une grosse phase de molle. J'ai à peu près 6 nœuds, je suis tribord amures au près serré. Au fil des heures, ça va adonner et forcir. Ça ira vite après, sur une allure portante, mais, là, ça commence à être long.
J’ai discuté avec Jérémie (Beyou) : on a réalisé qu’on a eu soit 5 nœuds de vent, soit 30, mais jamais d'entre-deux. C'est un peu dur à encaisser. La molle, tu es content d’en avoir après le grand Sud pendant quelques heures, puis ensuite, autant qu'il y ait du vent, qu'on avance ! (Il se marre).
Avec le bateau, on sort en assez bon état. J’ai toujours ce souci avec la quille (fixe et dans l’axe, désormais), mais ça ne changera pas. Le bateau est plutôt bien. Il ‘mérite’ un bon coup de chaleur, pour sécher, car l'intérieur est très humide. Il est en bon état, j'ai fait attention dans les manœuvres et les voiles sont propres. Sans le souci de quille, ce serait parfait.
Au mieux du mieux, j'arrive à tenir mes polaires à 80-85% quand tout va bien. Sinon, je tourne à 75-80%. C'est dur, mais je m'y suis fait. Je revisite les réglages du bateau, je retrouve des manettes pour faire accélérer, suivant les allures.
Je suis bien fatigué car ça a été très dur. J'ai besoin de repos pour la tête, de respirer un peu, de trouver des conditions plus clémentes, moins instables. Mais je suis très heureux de ce retour dans l'Atlantique, très heureux de faire une route Nord, ça fait du bien au mental : on vise la maison !
J'essaie au maximum de penser à autre chose, pour sortir la tête du souci technique. Je vis ma course, mon histoire avec mon bateau, j'essaie de me vider la tête en écoutant de la musique, avec un film ou de la lecture, mais je suis toujours ramené à la réalité ».
Alan Roura / La Fabrique