
"Je n’ai pas trop dormi les deux jours d’avant, là j’ai dormi 6 heures en petit morceaux donc ça va ! A la place de remplir mon ballast, j’ai rempli mon bateau. J’étais partie me coucher au vent avec mes boules Quies et ça a rempli sous le vent. J’avais de l’eau au niveau des chevilles dans le carré. J’ai eu de la chance que ça ne rentre pas dans la cale moteur. J’étais à 35° de gîte et je me suis occupée de vider de l’eau. J’ai eu hyper peur, je me suis réveillée en entendant le bruit des vagues dans le bateau. Mais tout de suite, j’ai compris ce qu’il se passait. Je pensais que c’était dans un rêve au début ! En fait, j’avais bricolé toute la journée et j’avais vu que mon tuyau de pompe de ballast était déconnecté. Je savais que je pouvais les remplir avec la gravité, c’est ce que j’ai fait parce que je savais que ça prenait du temps. Et je pense qu’avec la pression, la guillotine n’étant pas étanche, j’ai rempli mon bateau au lieu du ballast.
Sur le coup, c’était la panique ! Je pataugeais. Mes sacs de nourriture étaient sous le vent et se sont vidés dans le bateau dans la flotte et ça a bouché la pompe de cale. L’escalade de la connerie quoi ! Je m’en souviendrais. J’avais peur de ne plus avoir d’énergie, mes batteries étaient sous l’eau, je me suis dit que c’était fini."
Sur ces conditions du moment
"Je ne me sens pas du tout arriver ! Ça me paraît loin encore. Le vent s’est bien calmé, j’ai eu des claques à 27 nœuds et des molles avec du clapot. Là, j’ai 12-15 nœuds. C’est l’avantage de ma position toute seule : c’est que je peux me réjouir quand ça mollit ! Je commence à être sous l’influence de l’anticyclone, je devrais vraiment m’arrêter. Je devrais mettre 4,5 jours pour aller aux Açores. Et puis après ce sera velu jusqu’aux Sables d’Olonne, il devrait y avoir une grosse dépression mais ce n’est pas très calé en fait. Si Romain et Jérémie reviennent je serais obligé d’attaquer dans la dépression, sinon j’irais tranquille, je ne suis pas à 24h près."
Sur la tête de flotte
"J’ai le site internet du Vendée Globe donc je regarde sur la cartographie les premiers. C’est fou ! Tous les jours je fais des petits routages. Mais j’ai effectivement bien peur que ce ne soit pas le premier qui coupe la ligne qui gagne le Vendée Globe. Il faudra faire la fête à tout le monde et dire à la fin qui a gagné ! On était optimiste au départ quant aux conditions sanitaires du retour. Là, c’est craignos mais on ne peut pas se plaindre car on a évité tout ça pendant trois mois. Clairement Charlie a repris l’avantage. Autant il y a trois jours, on pouvait se poser la question. Mais je pense que Charlie est clairement positionné entre la ligne et Louis. Je mettrais quand même une bille sur Boris pour gagner. C’est chaud quand même ! Le pauvre Thomas, il a été dans les 3 premiers toute la course… Il va y avoir des déçus c’est sûr ! Cela va dépendre du vent à l’arrivée… J’ai fait de la course à pied pendant dix ans, et le mec qui gère bien sa course, il peut gagner au sprint final, comme Boris. Je trouve que tout le monde a du mérite. Ce Vendée Globe a tellement été particulier. J’aimerais bien que tout le monde gagne !"
Clarisse Cremer, Banque Populaire X