Nettoyer, désinfecter et remplir d'eau de mer les bassins restés vides pendant sept mois: face à l'immense plage de sable blond, sur la côte d'Opale, la thalassothérapie du Touquet est sorti d'un sommeil prolongé ce mercredi, avec la deuxième phase du déconfinement, et fait déjà le plein les week-ends.
Les thalassos du pays vont reprendre les "soins à base d'eau de mer, qui font leur ADN", explique à l'AFP Claire Bartholus, la directrice de Thalassa Sea and Spa, dont la piscine et les différents bassins rouvrent aujourd'hui, avec la jauge imposée par l'Etat dans le cadre d'une réouverture progressive, 35% de leur capacité d'accueil, jusqu'au 30 juin.
"Les clients devront garder leurs masques pour les soins, tout comme nos équipes, et nous allons rouvrir les cabines sur créneaux, pour respecter cette jauge", dit-elle, les yeux rivés sur l'horizon, alors qu'une tenace brume matinale cache l'océan.
Avec 64 cabines de soins et deux hôtels -un Ibis 3 étoiles et un Novotel 4 étoiles, deux enseignes du groupe Accor- c'est l'un des plus gros établissements du pays, qui emploie 150 à 180 salariés et faisait, avant la crise sanitaire, 19 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel, en accueillant jusqu'à 300 curistes par jour.
"Aujourd'hui on nettoie complètement les cabines, selon des protocoles stricts, pour rassurer tout le monde", dit Mme Bartholus. Tous les "points de contact", interrupteurs, poignées, patères, bords de baignoires, etc, sont désinfectés entre les clients.
L'été dernier, à la réouverture au terme du premier couvre-feu, "travailler avec un masque surprenait tout le monde, parce qu'on est un métier d'accueil, de contact: ne pas avoir de sourire, c'est déstabilisant", se remémore Mme Bartholus. Mais aujourd'hui "tout le monde comprend l'importance de ces gestes" et des stricts protocoles mis en place, estime-t-elle.
Depuis le 19 mai, seuls les soins esthétiques, sans eau de mer, ont pu reprendre et la restauration, jusque-là cantonnée aux repas servis en chambre ("room service"), a pu à nouveau être servie en salle aux clients des hôtels, avec une jauge à 50%.
A partir de mercredi les deux services du soir organisés très tôt, à 18h30 et 19h30, pour respecter le couvre-feu à 21h, seront espacés, le couvre-feu passant à 23 h, ce qui permettra aux clients de "retrouver le plaisir de venir à l'hôtel", espère la directrice.
Alors que la thalasso du Touquet fait déjà le plein les week-ends, et que les réservations pour l'été démarrent, l'activité pourrait reprendre "sur les chapeaux de roues" jusqu'en septembre, comme il y a un an, selon Mme Bartholus. "L'été dernier tout le monde a voulu sortir, respirer: on a eu beaucoup de monde. Là les gens ont à nouveau besoin de se régénérer, de prendre soin d'eux".
Depuis sept mois, la piscine restée vide a dû être surveillée par les équipes, pour "qu'il n'y ait pas de dégâts: d'habitude elle ne ferme pour nettoyage que 15 jours par an", explique Fabrice Paul, le responsable technique.
Avant la crise sanitaire, les 52 centres français réalisaient plus de 160 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel pour la seule thalassothérapie, et le double avec les services complémentaires (hôtel, restaurant, boutiques), selon le cabinet Deloitte.
En 2020, ces établissements ont perdu en moyenne, quelle que soit leur taille, 42% de leur chiffre d'affaires, du fait des cinq mois de fermeture, estime le Syndicat national professionnel de la thalassothérapie en France.
Ces dernières années les thalassos, à l'offre axée sur les bienfaits de l'eau de mer et de l'environnement marin riche en sels minéraux, ont développé des services plus hauts de gamme, misant sur le bien-être, avec des séjours plus centrés sur la "gestion du stress" (yoga, sophrologie, aquabiking, coaching sportif, diététique...) que sur le "curatif" (séjours post-nataux...).
Ces séjours ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale, à la différence des cures thermales.