Direction "Plein Nord": la 18e édition du festival photo de La Gacilly (Morbihan), qui s'ouvre jeudi dans les rues de la ville, met à l'honneur les photographes scandinaves et ces pays de glace fragilisés par le changement climatique.
Islandais, Suédois, Finlandais ... "On ne survit pas dans le Grand Nord sans un certain sens de l'adaptation. Dans des pays où la chaleur et la lumière sont deux denrées vitales plus de six mois sur douze, l'enjeu environnemental est crucial", explique Cyril Drouhet, le commissaire des expositions du festival.
Au départ de ce parcours de 22 expositions, Erik Johansson, un Suédois de 36 ans, superpose plusieurs dizaines de photos pour obtenir un résultat surréaliste. "Plus vous regardez une image et moins vous la comprenez", relève M. Drouhet.
Une île-poisson, un moulin au milieu de la mer, un escalator dans la forêt... Son premier appareil photo en poche, un Fuji, il "prenait (sa) soeur en photo, et la mettait sur le toit" pour "effrayer sa mère".
Grand maître du noir et blanc, Pentti Sammallahti a traversé son pays la Finlande mais aussi l'Inde ou les paysages enneigés de Russie avec son appareil argentique.
Le photographe septuagénaire, qui passe sa "vie dans la chambre noire", peut attendre des années "entre le moment où il prend la photo et celui où il la développe", 19 ans, exactement pour un vol d'oiseaux en Inde.
Les conséquences dramatiques du réchauffement climatique sont au coeur des travaux du Norvégien Jonas Bendikson, de l'agence Magnum, qui présente un vaste reportage sur la montée des eaux allant des plateaux du Tibet aux plaines d'Asie.
De son côté, la Finlandaise Tiina Itkonen s'est intéressée à la vie menacée d'une communauté inuite au Groenland.
Photographes de l'AFP, le Suédois Jonathan Näckstrand met lui en lumière la cristallisation de la conscience écologique autour de la jeune militante Greta Thunberg, tandis qu'Olivier Morin dévoile la capacité d'adaptation des peuples nordiques qui pratiquent le surf dans des eaux frôlant les 3°C.
Loin du grand nord, la deuxième partie du festival se concentre sur le "monde de demain".
A proximité avec la frontière du Sahara occidental, la ville de Tarfaya a inspiré la série "Atlantide km 130" d'Imane Djamil, une Franco-Marocaine née en 1996.
Si dans la mythologie, l'Atlantide fut engloutie par l'océan, la ville marocaine risque, elle, d'être recouverte par le sable, du fait des phénomènes naturels.
Fascinée par l'architecture des lieux, l'artiste voit "des ruines assez fantastiques" là où ses amis "habitent au quotidien".
Sur l'île de Madagascar, la photographe allemande Ulla Lohmann alerte sur la déforestation et le pillage des richesses. "La première fois que je suis arrivée en avion, tout brûlait", explique-t-elle. Son travail présente, entre autres, des lémuriens, une espèce en voie d'extinction, et immortalise ceux qui luttent pour préserver l'espace et participent à l'initiative Plant for Life de la fondation Yves Rocher, qui revendique 100 millions d'arbres plantés à ce jour.
Le festival de La Gacilly se tient du 1er juillet au 31 octobre. Créé en 2004, il accueille chaque année près de 300.000 visiteurs.