Se dépayser à tout prix, mais pas trop loin pour s'épargner craintes et contraintes liées au Covid: la majorité des Français passeront leurs vacances dans l'Hexagone, au vert ou à la mer, tandis que ceux s'aventurant à l'étranger se limiteront souvent à l'Europe.
"J'ai réservé mes vacances d'été en février, et à ce moment-là on ne savait pas trop ce qu'on pourrait faire, où on aurait le droit d'aller, donc j'ai joué la sécurité et j'ai réservé pour deux semaines en Corse avec mon comité d'entreprise", raconte à l'AFP Anne, mère de trois enfants.
Comme l'an dernier, la France métropolitaine reste largement en tête des choix pour juillet et août, y compris dans les agences de voyage où elle représente près de 50% du poids total des réservations (en nombre de vacanciers) effectuées en juin, "alors qu'il y a deux ou trois ans, elle devait représenter environ 25%", résume Jean-Pierre Mas, qui représente les professionnels du secteur.
"Environ 85% de Français vont partir dans l'Hexagone et 15% à l'étranger, alors qu'habituellement on est sur du 70%/30%", renchérit Didier Arino, directeur du cabinet spécialisé Protourisme.
Et cet été, le besoin impérieux d'aller voir ailleurs après une année compliquée va même "battre tous les records: quelque 37 millions de Français vont partir, soit 4 millions de plus qu'en 2019", estime M. Arino, qui se base sur un panel de près d'un millier d'opérateurs (hôtels, résidences, gîtes, campings) et un sondage effectué auprès de 3.000 personnes.
Il fait également état d'un "allongement des séjours et d'une augmentation du budget. Il y a une vraie volonté de se reconnecter à la nature, en cherchant l'espace, la verdure, les activités de pleine nature et le patrimoine".
Une envie de vert qui se reflète dans le boom des réservations dans les Gîtes de France, dont les 70.000 hébergements labellisés sont situés majoritairement en zones rurales.
"On est bien en avance par rapport aux deux derniers étés, avec un taux d'occupation supérieur de 14 points pour juillet (à 73%) et de 9 points pour août (à 75%). Les séjours sont plus longs, parfois jusqu'à 3 ou 4 semaines. Toutes les départements sont demandés, plus particulièrement les plus ruraux comme le Jura, le Cantal, la Lozère, le Puy-de-Dôme, les Hautes-Pyrénées", détaille Solange Escure, présidente du réseau associatif.
Les 8.000 campings français feront aussi le plein.
"On est partis pour faire aussi bien qu'en 2019, année record, voire même mieux si les réservations se maintiennent au même rythme qu'actuellement", résume Nicolas Dayot président de la fédération du secteur (FNHPA).
S'il évoque une "année franco-française", les campeurs étrangers ne seront pas tous aux abonnés absents: "il y a des réservations d'Allemands, de Belges et de Néerlandais, mais ça ne décolle pas pour les Britanniques".
Bien plus rares qu'en 2019 mais un plus nombreux qu'en 2020, les Français qui mettent le cap sur l'étranger vont plébisciter la Grèce, l'Espagne et l'Italie... mais aussi les Emirats arabes unis qui arrivent à la huitième place en volume d'affaires réalisé dans les agences de voyage.
"C'est une des rares destinations long courrier accessibles" et qui rassure également les voyageurs par une bonne "perception de sécurité sanitaire", explique Jean-Pierre Mas.
Comme les agents de voyage, les tour-opérateurs font aussi face à "énormément de questions sur le pass sanitaire ou les tests PCR pour les adultes voire les enfants dans certains pays", souligne leur représentant René-Marc Chikli.
Et s'il faut oublier le long courrier pour cet été, il estime que les tour-opérateurs pourraient faire "un mois de juillet un peu supérieur à 2019 sur les destinations qui sont ouvertes, c'est-à-dire le moyen courrier et l'Europe en particulier".
"Idéalement j'aurais voulu aller en Turquie mais le pays est encore classé rouge. Alors avec mon mari et mes trois enfants on ira sans doute en Espagne, quelque part c'est rassurant de savoir qu'on peut rentrer en voiture en France si jamais il y a un problème lié au virus, un cluster ou un confinement localisé par exemple", confie Nora, 50 ans, employée dans le secteur médical.