Stressées par les touristes, les baleines? En Islande, des scientifiques sondent leur souffle

Par AFP/Figaronautisme.com

A une dizaine de milles au large de la côte nord de l'Islande, une mission scientifique collecte le souffle de cétacés pour évaluer leur niveau de stress au passage des navires d'observation, un secteur en pleine croissance autour de l'île subarctique.

De leur petit voilier, un drone prend son envol: après six heures d'attente, les chercheurs de Whale Wise, un organisme pour la conservation marine, ont enfin aperçu une baleine à bosse.

Accrochées au châssis de l'aéronef, deux boîtes de Petri, un récipient cylindrique transparent, vont permettre de récolter les gouttelettes d'eau expulsées par l'animal.

Par essence, la durée de l'échantillonnage est brève, le temps d'une respiration, d'autant que si les drones perturbent moins les cétacés que les navires, ils peuvent toutefois eux aussi troubler leur comportement.

Cette fois, le drone survole l'animal avec prudence, traverse le souffle craché par la baleine et... réussit sa manoeuvre: de retour à bord, il délivre au groupe sa précieuse collecte.

Enveloppés dans un film plastique de paraffine et congelés, les prélèvements seront envoyés dans un laboratoire pour être analysés.

Le but de cette opération inédite est d'évaluer le niveau de stress via les hormones des cétacés, à l'heure où de plus en plus de touristes se pressent pour les admirer, malgré une année quasi blanche en 2020 pour cause de pandémie.

En Islande, plus de 360.000 personnes sont parties en mer en 2019 dans l'espoir d'entrevoir des baleines pérégrinant dans les eaux argentées de l'Atlantique nord, trois fois plus qu'il y a dix ans.

Près d'un tiers d'entre eux ont choisi de voguer depuis Husavik vers les eaux translucides de la baie de Skjalfandi.

Les précédentes études de l'impact du tourisme sur les baleines, qui se fondaient sur des observations comportementales, avaient conclu à des perturbations mineures liées au tourisme baleinier.

La plus récente, en 2011, avait mis en lumière les troubles liés aux excursions sur les baleines de Minke -aussi appelées petits rorquals- en baie de Faxafloi, à quelques encablures de la capitale Reykjavik, plus au sud.

"Nous avons constaté que les petits rorquals étaient gênés pendant leur repas mais que ce n'était qu'une perturbation à court terme", rapporte l'une des auteurs de l'enquête, Marianne Rasmussen, qui dirige le Centre de recherche de l'Université d'Islande à Husavik. "Cela n'a pas affecté (leur) forme physique générale".

La méthode utilisée par Whale Wise cet été a déjà été employée ailleurs par des biologistes mais c'est la première fois que des scientifiques y recourent en Islande.

"Examiner des hormones telles que le cortisol, qui est une hormone liée au stress, permet ensuite de déterminer les niveaux de stress physiologique de ces baleines", explique le cofondateur de l'organisation, Tom Grove, un doctorant de 26 ans à l'université d'Edimbourg.

Depuis 2018, 59 souffles de baleines ont été collectés. Si seuls 50 seraient nécessaires pour rendre l'analyse pertinente, le scientifique espère en recueillir en tout une centaine.

Cet été, une partie des prélèvements ont été effectués avec une association environnementale française, Unu Mondo Expedition, présente en Islande pendant un mois pour une expédition sur les thématiques liées aux changements climatiques.

"Les baleines sont importantes pour nous, pour vivre, parce qu'elles participent à un écosystème sur notre planète", souligne Sophie Simonin, 29 ans, cofondatrice de l'association.

"Elles absorbent aussi énormément de CO2", ajoute la militante écologiste.

D'après une étude de décembre 2019 du Fonds monétaire international (FMI), chaque grande baleine séquestre en moyenne 33 tonnes de dioxyde de carbone.

Attraction touristique, la baleine est également chassée en Islande.

La chasse commerciale à la baleine a été interdite en 1986 par la Commission baleinière internationale (CBI) mais l'Islande, qui s'était opposée à ce moratoire, l'a reprise dès 2003.

Seule la chasse à la baleine bleue, interdite par la commission, l'est aussi en Islande.

Cependant, en dépit de quotas délivrés jusqu'en 2023 - 209 prises pour le rorqual commun et 217 pour la baleine de Minke - aucun mammifère n'a été harponné en 2021, pour la troisième année consécutive.

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
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Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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