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Deuxième de la Transat Jacques Vabre, le Trimaran SVR-Lazartigue, mis à l’eau seulement en juillet, a affiché son énorme potentiel. À son bord, François Gabart et Tom Laperche ont ressenti d’incroyables sensations. L’avenir est plein de promesses pour ce nouveau bateau où le vol au-dessus des flots offre de formidables perspectives.
François Gabart : "J'ai pleuré à la barre tellement c'était beau"
Bien sûr il y a les chiffres. Ceux qui rempliront les cahiers des statisticiens. 2, comme cette formidable deuxième place arrachée dans les 48 dernières heures de la Transat Jacques Vabre au terme d’une incroyable remontada qui a vu le Trimaran SVR-Lazartigue combler un retard de plus de 100 milles. 16 jours, 9h heures 46 minutes et 11 secondes pour parcourir 9333,08 milles (17285 km), le temps de course entre Le Havre et Fort-de-France (en théorie 7500 milles), à la vitesse moyenne de 23,7 nœuds (43,9 km/h). Ou encore 816 milles, le record de distance parcourue en 24 heures sur l’épreuve. Et tant d’autres données qui vont dans les prochaines semaines être analysées, décortiquées. Mais il y a surtout ces sensations, ces promesses. À bord de leur bateau volant, François Gabart et Tom Laperche ont vécu un peu plus de deux semaines d’une grande intensité. « Lors de la dernière journée, j’ai pleuré à la barre tellement c’était beau, confiait le skipper à l’arrivée en évoquant les dernières heures de la course. Ça allait super vite, on revenait, les sensations sont extraordinaires. Ces bateaux volent vraiment sur l’eau. Et tu sens le potentiel dingue. » Moment magique. Un parmi tant d’autres.
« Pour nous, être au départ de la course, c’était déjà une victoire, rappelle François Gabart. On a beaucoup appris sur le fonctionnement de ce bateau qui n’avait pas beaucoup navigué depuis sa mise à l’eau le 22 juillet. Franchement nous n’avons eu aucun souci ce qui, objectivement, est une surprise. Je ne pensais pas qu’avec le peu de navigation que nous avons eu en amont, nous pouvions faire autant de milles sans avoir de problème. On était quand même parti avec la boite à outils en pensant qu’on allait s’en servir et au final, quasiment rien. L’équipe a fait un super boulot et j’en suis super fier. Il est important de dire que nous avons eu des conditions plutôt clémentes mais on a fait de la route. Avec nos bateaux neufs, on ne partait pas du Havre en pensant que ce serait facile. Je m’attendais à davantage de problèmes techniques. Toutes les équipes progressent, on apprend. » Avec à la clé de superbes promesses et de grands défis.
« On n’a pas tiré sur le bateau, précise le skipper. On l’a ménagé et on a fait attention. Et pourtant, on voit que ça va déjà vite. Tout est aligné pour faire de très belles choses dans les années à venir. Ces bateaux sont extraordinaires, ils le seront toujours mais ils resteront aussi toujours des bateaux difficiles. Dans 5, 10, 15 ans, ils le seront toujours car ils vont repousser les limites sur les océans. On sera toujours un peu à la limite. Mais j’ai toujours aimé les choses complexes. On peut y prendre beaucoup de plaisir. Quand tu arrives à aligner tous les réglages, ce qui n’est pas simple et qui n’est pas à la portée de tout le monde, ça devient génial de naviguer avec cette complexité. C’est ce qu’on va chercher sinon on ne ferait pas de la course au large. »
Tom Laperche : "C'était magique"
À seulement 24 ans, Tom Laperche participait à sa première grande épreuve en multicoques. Un choix payant pour François Gabart qui avait choisi son jeune équipier déjà deux fois sur le podium de la Solitaire du Figaro. « J’ai le feeling que Tom va continuer à faire de superbes choses dans la course au large, estime le skipper. C’était un grand plaisir de naviguer avec lui. Humainement ça s’est super bien passé. Tout a été simple. Il est à l’aise sur le bateau. J’ai quand même navigué en Ultime avec quelques personnes avec un talent immense. Ce sont des bateaux qui restent compliqués et surprenants. On a beau s’y habituer on n’est jamais complètement à l’aise avec ces bateaux. C’est assez surprenant de voir l’aisance que Tom a sur un bateau comme ça aussi rapidement. C’est beau à voir. » Une expérience intense et précieuse pour la suite de sa carrière. « Il y a plein d’enseignements à tirer, confie le jeune marin. A commencer par tous les conseils de François. On apprend à gérer un bateau comme ça sur du long terme. Naviguer sur ces bateaux, ça demande de la concentration, de la réflexion. C’est hyper fort. C’est du grand sport, c’est le summum de ce qui fait en course au large. J’ai aussi appris que j’aimais vraiment le multicoque et la vitesse. La voile est un sport qui est riche avec plein de disciplines. Mais quand on repense à ce qu’on a vécu, la course au large c’est le graal en termes de duel, de vitesse, d’engagement physique et mental. Et puis au-delà du sportif, il y a l’humain. Tout ce qui s’est passé entre nous. » Si l’avenir de Tom semble plein de promesses, cette Transat Jacques Vabre tiendra toujours une place particulière dans sa carrière. « C’était magique, j’ai vécu un truc incroyable, rayonne-t-il. Quand j’étais gamin, j’avais des images de multicoques, des rêves de course au large et je viens de vivre tout ça. C’est merveilleux. C’est quand même un truc de barjot de mettre un bateau en juillet et de faire deuxième de la Transat. Pour l’avenir du projet c’est génial. Je retiendrai plein de moments de cette traversée de l’Atlantique, ce bonheur de pouvoir profiter de moments de glisse et de vol. On a fait un beau voyage. »
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