L'extraction de granulats en mer, indispensables à l'industrie de la construction, "n'est pas sans conséquences pour le milieu" marin avec notamment une possible modification de la nature des fonds et une destruction de la faune, note l'Ifremer.
La morphologie des fonds sous-marins est "modifiée par le creusement de fossés" et "l'aspiration du sédiment provoque la destruction de la faune qui habite sur le fond", explique dans un entretien diffusé sur le site de l'institut public Laure Simplet, géologue à l'Ifremer.
Ces perturbations peuvent aller, selon cette spécialiste des granulats marins, jusqu'à modifier la dynamique de la houle et des courants, ainsi que les mouvements des sédiments, et provoquer l'érosion des plages alentour, un phénomène qui n'est cependant pas observé en France.
Si les impacts de l'exploitation de sable et de graviers sont bien identifiés, "la capacité du milieu à se régénérer une fois toute activité d'extraction arrêtée n'est pas encore bien connue", note la spécialiste.
Cette question de la résilience des écosystèmes marins face à de tels types de perturbations est au centre du projet de recherche "RESISTE" initié en novembre par l'Ifremer au large de l'estuaire de la Loire, dans une zone exploitée pendant trente ans comme site d'extraction de sable et gravier marin.
Les granulats marins sont exploités dans les petits fonds (moins de 200 m de profondeur) depuis plusieurs dizaines d'années. L'exploitation des minerais des grands fonds reste encore prospective, rappelle l'Ifremer dans un communiqué. "Nos connaissances sont encore très parcellaires, même sur ces petits fonds qui font pourtant déjà l'objet de pressions humaines", note Laure Simplet.
Les granulats marins sont indispensables à l'industrie de la construction pour la fabrication du béton notamment. Si le sable provient essentiellement de carrières situées à terre, l'exploitation se fait aussi en mer avec 18 sites bénéficiant d'une autorisation d'extraction recensés sur les côtes françaises.
Le sable prélevé en mer représentait en France, en 2018, environ 1,3% des 445 millions de tonnes de granulats extraites et employées pour la construction de routes, d'infrastructures, de logements ou de ponts, selon l'institut français de recherche pour exploitation de la mer dont le siège se situe à Brest.