La « soupe de microbes » océanique scrutée par les chercheurs et la Marine

Par AFP/Figaronautisme.com

De 10 à 100 milliards d'organismes vivants peuplent chaque litre d'eau de mer. Mais ce "microbiome océanique", qui a rendu la planète habitable, reste largement méconnu. Une mission scientifique menée avec la Marine nationale vise à le répertorier.

"Le microbiome de la planète Terre, c'est le sujet du siècle", assure Colomban de Vargas, directeur de recherche au CNRS à la station biologique de Roscoff (Finistère).

Ce Suisse "obsédé par l'exploration" a entrepris de cartographier le plancton océanique, cette grande "soupe de microbes" composée de virus, bactéries, prostites, animaux, etc. Ces "forêts invisibles", naviguant au gré des courants marins, ont rendu la planète habitable, en produisant l'essentiel de l'oxygène que nous respirons.

"La biodiversité est avant tout microbienne. Pendant trois milliards d'années, il n'y avait que des microbes", pointe le chercheur. Or, "on ne sait pas avec qui on habite, combien il y a de microbes sur la Terre".

Tirant les leçons de la mission "Tara Océans", qui a déjà réalisé 220 mesures des micro-organismes marins, Colomban de Vargas et ses collègues chercheurs veulent mettre en oeuvre une "mesure coopérative, frugale, planétaire et pérenne" de cette vie invisible de l'océan.

A terme, il s'agit, via le projet Plankton Planet, de confier des instruments de mesures et capteurs peu coûteux aux dizaines de milliers de voiliers, bateaux de commerce ou de transport de marchandises qui sillonnent la planète. Cela afin de comprendre "l'adaptation du vivant face aux changements brutaux" imposés par les activités humaines.

"Ce n'est pas évident parce qu'il faut que la mesure soit homogène. Tout va se jouer sur la qualité de cette mesure", souligne Colomban de Vargas.

C'est là qu'intervient la mission Bougainville, menée en coopération avec la Marine nationale, afin de consolider la fiabilité des "capteurs frugaux" du plancton. Dans le sillage du tour du monde de l'explorateur Louis-Antoine de Bougainville sur la Boudeuse en 1766-1769, dix étudiants en Master à Sorbonne Université embarqueront à bord des navires de la marine nationale en tant qu'"officiers biodiversité".

- Migration du zooplancton -

"C'est important de vivre l'océan quand on l'étudie", relève l'amiral Christophe Prazuck, directeur de l'Institut de l'Océan de Sorbonne Université, qui a fait le lien entre la Marine et le monde de la recherche.

Les étudiants sillonneront ainsi les 11 millions de km2 de la France océanique (20 fois la France terrestre) dans les océans Indien et Pacifique, à bord de trois Bâtiments de soutien et d'assistance outre-mer (BSAOM).

Ancien chef d'état-major de la Marine, M. Prazuck voit également dans cette mission un intérêt opérationnel pour les équipages. "Quand on observe son environnement, on devient meilleur marin", souligne-t-il.

"Dans la Marine, on a une tradition assez importante de recherche scientifique", ajoute le capitaine de vaisseau Éric Lavault, porte-parole de la Marine nationale. "Les officiers de marine ont cette double casquette de guerriers et de scientifiques".

Après des tests au large de Brest, les premiers étudiants embarqueront en septembre 2023, puis récolteront des milliers de données biologiques (images et ADN) jusqu'en 2025. "C'est rassurant de commencer avec la Marine parce qu'on sait que ça va être carré", se réjouit Colomban de Vargas.

Les données récoltées, "des centaines de milliards d'images de plancton et de séquences ADN", seront conservées dans des bases de données, ouvertes aux chercheurs du monde entier. Elles permettront de contrôler la santé des écosystèmes marins et leur évolution en fonction des pollutions ou du réchauffement climatique.

Les chercheurs veulent en outre étudier la migration du zooplancton à plusieurs centaines de mètres de profondeur durant la nuit, qualifié de "plus grand mouvement de biomasse" sur la planète et qui serait l'un des moteurs de la "pompe à carbone" participant à la séquestration du CO2 dans l'océan.

Le coût de la mission, qui doit être financé par des mécènes, est évalué à 900.000 euros pour les trois premières années.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
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Albert Brel
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Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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