Ile de la Gorgone : des serpents, des bagnards et des baleines

Par Figaronautisme.com

La Colombie possède deux îles dans le Pacifique : l'îlot rocheux de Malpelo, paradis pour l'observation des requins, et l'île de la Gorgone, réputée pour son bagne infâme dans les années 60 que les Colombiens redécouvrent aujourd'hui comme un paradis naturel.

La Gorgone offre un panorama de montagnes couvertes d'une épaisse jungle tropicale tombant à flancs de roches dans les eaux sombres du Pacifique. Les pluies sont quotidiennes, l'eau douce est abondante, et l'humidité sature l'air ambiant, avec une température moyenne de 25 à 30°.

C'est en fait un chapelet de deux îles, la Gorgone et la Gorgonilla : la plus grande fait 8 km de long pour 2,5 de large, avec quelques plages de graviers noirs, la seconde est un îlot d'environ 1 km du nord au sud, cernée de récifs.

Conquistadors

On trouve sur la Gorgone des traces de présence pré-colombienne, poteries et pierres sculptées notamment. Les conquistadors espagnols débarquent sur l'île principale en 1526, qu'ils baptisent d'abord San Felipe. Fuyant les attaques des indigènes sur la côte et à la recherche d'eau potable, Francisco Pizarro y accoste un an plus tard. En quelques mois, Pizarro perdra 87 hommes sur 770, tués par des morsures de serpents venimeux. Il décide de la rebaptiser la Gorgone, en référence à la Méduse mortelle à chevelure de serpents de la mythologie grecque.

L'île fut longtemps le refuge des forbans. Le "libertador" Simon Bolivar en fait don au XIXe siècle à un de ses sergent-chef, d'origine britannique, pour services rendus. Elle reste la propriété privée de deux familles, qui y exploitent notamment la noix de coco, jusque dans les années 1960, quand l'Etat colombien se l'approprie pour y construire une prison de "haute sécurité".

Les plus dangereux criminels du pays, mais aussi de nombreux prisonniers politiques, sont relégués dans ce bagne sordide, où ils sont livrés aux sévices des gardiens et aux pires châtiments.

Lézard bleu

La prison sera fermée en 1984 et la Gorgone devient un parc national la même année. Car à côté des serpents qui pullulent sur l'île, et qui ont fait sa réputation, elle est un paradis naturel, avec un écosystème marin exceptionnel.

Le parc s'étend sur près de 62.000 hectares, dont 60.000 d'aire maritime protégée.

De juin à novembre, les baleines à bosse s'ébattent parfois à peine à quelques dizaines de mètres du rivage. Les cétacés viennent s'y reproduire, donner bas et guider les baleineaux dans des eaux relativement protégées, la pêche et la grande navigation y sont en théorie interdites dans un périmètre de 12 km.

La faune marine abondante et multicolore prolifère sur de vastes champs de récifs coralliens : tortues marines, thons, barracudas, requins marteaux, dauphins, carrangues, raies, mérous, murènes...

"La Gorgone possède deux éco-systèmes", résume le directeur du parc, Santiago Felipe Duarte Gomez : "la jungle tropicale humide, dont il reste encore beaucoup de choses à étudier, et son exceptionnel éco-système marin, avec les récifs coralliens les mieux conservés du Pacifique oriental colombien".

Eco-tourisme

La Gorgone ce sont 500 différentes plantes terrestres -dont de nombreuses orchidées- 380 espèces de poissons, 19 de requins, 41 de reptiles (dont 18 serpents), 167 espèces d'oiseaux (fous bruns, pélicans et frégates), une quinzaine de mammifères (dont des paresseux et des singes capucins), 14 types de chauve-souris, et l'anole bleu (Anolis gorgone), un lézard endémique entièrement bleu et unique au monde...

Parmi les serpents, la vipère fer de lance, le serpent corail et le serpent marin (il n'existe pas d'antidote contre son venin) sont les plus dangereux. Mais la fréquentation de l'île, limitée à quelques sentiers balisés et uniquement de jour, permet aujourd'hui de prévenir les accidents.

"La biodiversité est merveilleuse ici", se félicite M. Duarte. Raison sans doute pour laquelle, de la soixantaine de parcs et zones naturelles protégées en Colombie, la Gorgone est le parc le plus étudié par les scientifiques.

La prison, progressivement dévorée par la jungle avec les années, draine toujours quelques visiteurs. Mais ce sont les baleines et les fonds marins qui attirent désormais les amateurs d'éco-tourisme.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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