Les Ultims dans le port de Saint-Malo, premier défi de la Route du Rhum

Courses
Vendredi 21 octobre 2022 à 11h31

©Yann Riou - polaRYSE - GITANA SA

"On va croiser les doigts!". Pour la première fois, le port de Saint-Malo va accueillir les Ultims de dernière génération, qui devront passer par une écluse, une opération délicate destinée à permettre au public d'admirer ces géants des mers avant le départ de la Route du Rhum le 6 novembre.

L'équation est simple: les Ultims, ces trimarans aux dimensions gigantesques pouvant valoir une vingtaine de millions d'euros, font 23 m de large. L'écluse du Naye, la seule donnant accès aux bassins de la cité corsaire, fait 25 m de large.

"Si l'on compte les défenses des bateaux (les pare-battages, ndlr), on est à 50 cm de marge de manoeuvre de chaque côté, c'est un beau défi!", résume Thomas De la Broise, commandant de port-adjoint, du haut de la capitainerie, qui offre une vue plongeante sur l'écluse et la célèbre citadelle.

Lors de la précédente édition en 2018, les Ultims étaient restés à l'écart du village, peu accessibles, ce qui avait "frustré" les quelque 1,3 million de visiteurs, explique Joseph Bizard, directeur général d'OC Sport Pen Duick, en charge de l'organisation.

Pour faire entrer les Ultims et éviter tout choc dans l'écluse, les organisateurs ont "imaginé un système de chausse-pied", avec un ponton d'une trentaine de mètres conçu spécialement, qui doit permettre aux huit Ultims de se "poser au propre et d'être bien alignés" avant d'entrer dans le sas, explique M. Bizard.

Ensuite, des lamaneurs tiendront des cordages qui permettront aux bateaux d'avancer pas à pas dans l'écluse longue de 150 m et puis de gagner enfin le grand bassin pour mouiller au pied des remparts, offrant une belle carte postale. L'opération pour faire passer la flotte pourrait durer trois heures.

"C'est un peu paradoxal, on est en 2022 et on va revenir à des opérations à l'ancienne: on va faire déhaler (déplacer un navire au moyen de ses amarres) des Ultims à la main dans l'écluse!", note M. De la Broise.

Autre difficulté potentielle: les conditions "ne pourront pas dépasser 15 noeuds (28 km/h), une limite assez basse vu la saison", prévient-il, les Ultims et leur mât de 30 m de haut devenant peu manoeuvrant par météo venteuse.

- Montée d'adrénaline -

Ainsi, si le passage des Ultims, fixé en fonction des marées, est prévu mardi à 17H35, les organisateurs pourraient avancer la date en cas de bonne fenêtre méteo, "l'enjeu étant de les faire entrer", souligne M. Bizard.

Un test grandeur nature réalisé en juillet avec l'Ultim Actual de Yves Le Blevec s'est avéré concluant et incite à l'optimisme, rappelle Anthony Fossard, responsable de l'antenne portuaire. "On a l'habitude de faire passer des navires d'une largeur quasi équivalente, mais qui ont une robustesse plus exacerbée que les Ultims". Lors de l'édition 2010, des Ultims de première génération, moins larges, avaient pu mouiller dans un des bassins du port.

Amélie Dupuy, directrice d'exploitation du port de Saint-Malo, prévient que "tout le monde aura les yeux rivés sur les passage des Ultims. Ce sera tolérance zéro sur les erreurs de manoeuvre", prévient-elle, autant pour leur entrée que pour leur sortie prévue le 4 novembre, deux jours avant le départ de la Transatlantique.

Alors que Saint-Malo, ville de 46.000 habitants, va accueillir l'équivalent de la population de l'Estonie (1,3 million), pour une édition avec un nombre record de participants et des Ultims dans le bassin, la question du gigantisme se pose avec acuité.

"Comment fait-on un événement proportionné au capacité du territoire? C'est ce qu'on va devoir discuter à l'avenir avec l'organisateur de la course: on va arriver aux limites de la capacité de ce que l'on peut faire", prévient Stéphane Perrin, vice-président de la région Bretagne et élu référent du port de Saint-Malo, propriété de la région.

En attendant, le passage des Ultims dans l'écluse, avec deux tribunes installées offrant une capacité d'un millier de places, devrait constituer le premier temps fort de 12e édition du "Rhum". Et une première montée d'adrénaline pour les skippers, les organisateurs et les autorités portuaires.

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l'atout voyage et évasion de l'équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l'actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne. Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l'édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com. Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l'Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Depuis toujours, François est passionné de voile en général et de multicoques en particulier. En croisière ou en course, de l’Europe à l’Australie, il ne les délaisse que lorsque le règlement l’exige : Mini-transat, Fastnet, Giraglia… Jamais rassasié de nouveautés, il a assisté à la plupart des salons sur les cinq continents. Depuis 2018 il se consacre entièrement à la rédaction et à l’information, notamment pour Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s'est toujours intéressé à l'équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l'auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d'occasion et qui décrivent non seulement l'évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son Targa 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Eric Mas est l'un des fondateur de METEO CONSULT – La Chaîne Météo. Éminent spécialiste de météo, Eric est également un marin passionné qui a routé les plus grands skippers sur toutes les eaux du globe : VDH lors du premier Vendée Globe, Philippe Jeantot, Jean Maurel, Michel Desjoyeaux, Francis Joyon, et tant d'autres. Actuellement il participe au projet de Lalou Roucayrol sur son multi 50.
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