Phil Sharp (2006), Thomas Ruyant (2010), Alex Pella (2014) et Yoann Richomme (2018) ont tous connu les chemins de la victoire en Class40. Alors que le départ approche, ils reviennent sur leurs souvenirs et les clés de leurs succès.
Phil Sharp (2006) : « aller au bout de ses rêves »
“Je me souviens de l’incroyable soulagement à l’arrivée. Tout avait été particulièrement difficile : le combat avec Gildas Morvan pour la tête, l’énorme orage et les rafales de 65 nœuds où j’avais perdu mon gennaker, l’extrême fatigue au point de dormir 8 heures et de ne pas entendre mon réveil une nuit, le manque de vent pendant le contournement de l’île… J’ai ressenti un sentiment de liberté en franchissant la ligne et une satisfaction énorme. C’était improbable d’imaginer remporter la Route du Rhum alors que le projet n’existait que depuis quelques mois. La classe était encore peu connue et la course n’était pas vraiment suivie à l’étranger. Ensuite, je me suis un peu éloigné de la voile mais j’avais gardé une forme de confiance, une certitude que tout est possible et qu’on peut aller au bout de ses rêves. »
Thomas Ruyant : « un marqueur très fort dans ma vie de marin »
« Après ma victoire à la Mini-Transat, on s’est dit avec le patron de Faber France qui me sponsorisait qu’on allait tenter la Route du Rhum en Class40. Nous avons gardé le même entourage, le même fonctionnement, on a loué un bateau et beaucoup navigué… C’était dans la continuité de mes 4 années en Mini. J’avais pris la route Nord et il y avait eu une sacrée bagarre avec Nicolas Troussel, qui avait pris la route Sud. À l’arrivée, il y avait un ciel orageux, des arcs-en-ciel dans tous les sens, c’était dingue… Ça apporte forcément de l’expérience, de la confiance. Dans ma vie de marin, ça a été un marqueur très fort. C’est là que je me suis dit que je pouvais faire de la course au large mon métier. »
Alex Pella (2014) : « des souvenirs fantastique »
« C’était une aventure qui arrivait au bon moment dans ma vie. Il s’agissait d’un projet entre amis, pensé et construit en Espagne, qui alliait design et performance. Je n’avais pas de sponsor et pas beaucoup d’argent mais ça m’a enlevé beaucoup de pression. Pourtant, j’étais très serein au départ : je savais que si ça se passait bien, la victoire pouvait être au bout. L’arrivée était magique : ma famille avait prévu de venir plus tard donc on était juste entre copains ! Cette victoire m’a donné beaucoup de confiance. J’ai reçu beaucoup de propositions dont celle de Francis Joyon avec qui j’ai navigué pendant trois ans ensuite. Je garde des souvenirs fantastiques de cette aventure en Class40. Et je suis très heureux de voir à quel point la classe se porte bien. »
Yoann Richomme (2018) : « un détonateur pour la suite »
« J’avais bénéficié de seulement cinq mois de préparation avant de m’élancer. Cette victoire, ça a été un détonateur pour la suite à plus d’un titre. Ça m’a permis de démontrer que j’étais capable de gérer un projet, de développer un prototype. J’y avais mis toute mon énergie, impliqué ma famille, mes proches sans compter mes heures… La Route du Rhum a contribué à me faire ‘sortir’ du Figaro. Ça a été une aventure très forte. La grande fierté réside dans la capacité à fédérer tous ceux qui m’ont accompagné : mon mécène, les fournisseurs, les préparateurs, ma famille… Faire corps autour d’un projet, renforcer les synergies entre des compétences et des savoir-faire différents, cela fait partie de ce que je recherche dans la course au large. J’ai la chance de pouvoir défendre mon titre grâce à Paprec Arkéa. Mais je sais à quel point la dimension émotionnelle est forte à la Route du Rhum et qu'il faut un sacré alignement des planètes pour s'imposer... »