Un précieux médaillon à l'effigie de Louis XIV offert par le Roi-Soleil à un corsaire de Saint-Malo, d'une valeur d'un demi-million d'euros, prendra le départ mercredi de la course transatlantique en solitaire reliant la ville de Surcouf à la Guadeloupe.
Serti de vingt diamants taillés en rose, le bijou avait été envoyé par le roi en 1696 au corsaire malouin Alain Porée (1665-1730), qui s'était notamment distingué en capturant 27 navires ennemis et en participant à la défense de Saint-Malo face aux Anglais l'année précédente.
"Nos prédecesseurs de la course au large étaient de sacrés guerriers", sourit le navigateur Thibaut Vauchel-Camus, qui embarquera le médaillon à bord de son trimaran de 15 mètres jusqu'à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), auprès de l'AFP.
Le marin souhaite "remettre un peu d'humilité" et "d'histoire" chez des skippers souvent perçus "comme des super-héros", alors que leurs lointains ancêtres partaient dans des conditions difficiles pour des "navigations lointaines, très compliquées."
Un "héritage" que les marins actuels portent désormais "pour faire du sport" en fendant les flots de l'Atlantique : "par généalogie de culture maritime, le point de départ (de la course au large, NDLR) est autour des corsaires et des grands explorateurs", complète-t-il.
Le médaillon était conservé depuis trois cents ans par la descendance du corsaire, avant son rachat lors d'une vente aux enchères en octobre 2020 par Jacky Lorant, ancien entrepreneur malouin aujourd'hui retraité, pour 620.000 EUR (dont 120.000 EUR de frais).
Il s'agit de l'un des trois seuls médaillons à avoir conservé ses diamants sur les 400 offerts par Louis XIV.
Le bijou a été remis mardi après-midi à M. Vauchel-Camus, dont le voilier arbore les couleurs de la Fondation pour l'aide à la recherche sur la sclérose en plaques (Arsep), par son nouveau propriétaire, partenaire du navigateur lors des deux dernières éditions de la Route du Rhum.
L'histoire de Saint-Malo est intimement liée à celle de ces auxiliaires de la marine royale, chargés par leur Etat de la guerre sur mer, comme le célèbre Robert Surcouf 1773-1827).
Contrairement à ses lointains prédecesseurs, Thibaut Vauchel-Camus estime "ne pas prendre trop de risques" de "s'exposer à des malfrats", les bateaux modernes étant "suivis en temps réel, bien traqués et observés."
Sa précieuse cargaison sera, elle, placée "en sécurité" dans le "coffre-fort" de son voilier.