L'île de La Réunion accueille jusqu'à dimanche sa première démonstration de surf depuis 2005, alors qu'elle est restée écartée des circuits de compétition depuis dix ans, frappée par une recrudescence d'attaques de requins.
"Cette démonstration est une sorte de test", explique Alain Courtois, directeur de la compétition et chargé du déploiement de la patrouille de sécurisation contre les attaques de requins.
"L'objectif est de déterminer si La Réunion peut de nouveau accueillir des compétitions internationales", a-t-il ajouté. Si tout se passe bien, l'île "sera retirée de la liste noire" dont elle fait l'objet en raison des attaques de prédateurs marins.
"Cela fait dix ans qu'on attend le retour d'une compétition. La Réunion est hyper connue, elle a des spots de surf incroyables", commente Alice Lemoigne, sacrée la semaine dernière championne de France de longboard.
Un important dispositif de sécurité est prévu: des jets ski et navires de sécurité patrouilleront aux abords du site et les surfeurs seront équipés d'un répulsif électrique contre les requins sous leur planche.
La World Surf League (WSL) assistera "en observateur" à cette démonstration à Saint-Leu (sud-ouest de l'île), mondialement connue pour sa déferlante à gauche.
Entre 2011 et 2019, 25 attaques de requins ont été recensées à La Réunion. Onze personnes sont décédées, majoritairement des surfeurs. La plus jeune victime depuis le début de la crise, Elio, faisait partie du pôle espoir de surf, et avait 13 ans lorsqu'il a été mortellement attaqué.
Une situation désastreuse pour la filière surf: avant les attaques, l'île comptait 1.600 licenciés, contre seulement 100 en 2016. Début 2022, ils étaient toutefois plus de 500 recensés.
En l'absence d'attaque depuis 2019, la baignade et les activités nautiques restent strictement réglementées, avec notamment l'obligation de porter des équipements de protection individuelle.
Autant de contraintes qui impactent le surf professionnel. "Il nous manque dix ans de jeunes qui soit sont partis en métropole, soit ont arrêté" de pratiquer, relève Gilbert Pouzet, président de l'association Leu Tropical Surf, organisatrice de la démonstration, même si, concède-t-il, "quelques perles commencent à émerger au niveau national".
Pour Alice Lemoigne, le retour de la compétition permettrait "de montrer à la jeune génération tout le potentiel que nous avons".
Le surf réunionnais a brillé lors des championnats de France du 28 octobre au 3 novembre: outre le sacre d'Alice Lemoigne, Milo Lautier a triomphé en bodyboard chez les cadets et Rodolphe Arrieguy a décroché le titre de champion de France en para surf.