Roland Jourdain (We Explore), reçu le 18 au soir
“Un petit couple heureux qui apprécie la glisse après les montagnes russes de la première partie. We Explore a été top et je suis très fier de lui, en y associant toutes celles et ceux qui ont travaillé à sa préparation. En fond, vous pouvez apprécier ce spi rouge qui m’a accompagné sur le Vendée Globe…2008 ! C’est notre plus beau cadeau : être dans le match avec des idées neuves et du vieux matériel ! Les prochains jours vont voir nos camarades réduire l’écart, le vent revenant de l’arrière. Mais quel que soit le résultat, nous avons déjà gagné une belle partie ! Bizz”.
Gilles Buekenhout (Jess), reçu le 18 au soir : “Hello. Me voilà calé, direction la Guadeloupe. Encore 1720 milles sur quasi qu'un seul bord ! Ici il fait bon. J'ai été accompagné par un trio de jolis oiseaux avec une très fine et longue queue blanche, qui poussaient des cris comme s'ils voulaient dire quelque chose ? Je commence à sortir de mode survie-résistance comme disait Halvard (casque lourd), en mode glisse " facile ". J'ai pu faire sécher quelques histoires mais tout contient du sel donc ça reste poisseux. »
Halvard Mabire (GDD) : Bonjour. Depuis hier soir je suis avec GDD à ce que l'on appelle une allure bâtarde. A un certain angle et à une certaine force de vent, impossible de faire avancer le bateau correctement, comme il devrait marcher "théoriquement" dans ces conditions. Avec une mer agitée, cela n'arrange rien en plus.
C'est très frustrant, car on sent bien que le bateau n'est pas à l'aise et c'est encore plus frustrant lorsque l'on reçoit le "bulletin scolaire", c'est à dire les positions qui tombent régulièrement et qui ne font qu'en rajouter à la frustration du bord quand on constate que l'on n'a vraiment l'impression d'avancer ni du cul ni de la tête, mais qu'en plus ce n'est pas qu'une impression.
Rien à faire. On a beau essayer différents réglages, voir même diverses combinaisons des voiles que l'on a à bord. Rien n'y fait, l'éternel et trop facile commentaire "peut mieux faire" est bien inscrit en bas du bulletin. Sans compter que chaque manœuvre se fait en plus au prix d'efforts exténuant, et que pendant que l'on change de voile cela ralentit le bateau considérablement, histoire d'en rajouter une couche aux milles que l'on perd inexorablement sur ses camarades de jeu. En somme, on se donne un mal de chien pour des clous.
Cette situation arrive sur tous les bateaux à un moment donné. Notamment parce qu'il nous manque "la voile qui va bien" dans ces conditions précises. Mais il est impossible qu'il n'y ait pas, à un moment donné, un "trou dans la garde robe", car s'il fallait vraiment embarquer une voile pour chaque condition spécifique, il y aurait vite trop de voiles à bord. D'ailleurs pour éviter cette course à l'armement sans fin beaucoup de Classes, comme la Class40 ou l'Imoca, limitent le nombre de voiles à bord. Donc il faut faire des choix... et ensuite les assumer.
La garde-robe avec laquelle on peut tout faire sans jamais être à un moment ou à un autre "dans le besoin" n'existe tout bonnement pas. Donc on essaye d'imaginer les conditions que l'on va avoir pendant telle course pour concevoir sa garde-robe. On ne va pas aller faire des courses en Méditerranée avec que des voiles de tempête, et si vous partez au Vendée Globe sans voile de portant dans la brise vous vous rendrez vite compte que vous vous êtes planté quelque part.
Sur GDD nous ne pouvons envoyer aucune voile "plate" en tête de mât. Une voile dite "plate", c'est une voile type foc pour fonctionner à toutes les allures sauf au portant. Comme l'allure à laquelle nous nous trouvons actuellement n'est pas banale sur un parcours Route du Rhum, il n'y a pas de regret à ne pas trimballer pendant toute la course une voile qui au mieux ne servira que quelques heures. C'est juste un mauvais moment à passer quand justement la voile que l'on a décidé de ne pas prendre pourrait éventuellement aider à mieux surmonter ce passage à vide.
Donc, pour l'instant, c'est peut être la raison pour laquelle nous avons un peu de mal par rapport à nos concurrents directs. Mais c'est pas grave, cette allure "bâtarde" ne durera de toute façon, pas aussi longtemps que les impôts. A bientôt.