A la SNSM, il faut désormais donner le sens marin aux bénévoles

Par AFP/Figaronautisme.com

"Ces nouveaux bénévoles, il faut les amariner". La station SNSM de Saint-Vaast-la-Hougue, dans le Cotentin, forme un nouveau type de sauveteurs : ceux qui ne connaissent pas la mer mais souhaitent tout de même s'engager.

Onze stagiaires en combinaisons rouges, casques jaune fluo, s'affairent autour des navires oranges de la SNSM, contraste pop avec le granit des maisons de pêcheurs entourant la rade de Saint-Vaast-la-Hougue.

Sous la grisaille de ce port de pêche de la Manche (nord-ouest), Maël Baloche, responsable de la formation, 27 ans, belle gueule et sérénité dans la voix, explique qu'"amariner, c'est donner le sens marin".

"Avant les bénévoles de la société nationale de sauvetage en mer (SNSM) étaient des professionnels de la mer qui allaient secourir leurs confrères, ça a changé", abonde Guy Plotton, sapeur-pompier en retraite et sauveteur depuis ses 18 ans.

"Aujourd'hui, un quart seulement des nouveaux arrivants a travaillé en mer, il faut former au vocabulaire, aux procédures, où se placer, on ne se dit pas pardon sur un bateau, on dit +dégage ça de là+", détaille ce pilote suppléant, "et en station, c'est jamais simple, une mer formée, une intervention, la formation s'arrête".

Un équipage est constitué de cinq à huit personnes, un "patron" (pilote), un mécanicien, un second, un chef de pont (ou "bosco"), et un à plusieurs "équipiers" (des matelots).

Déjà bénévoles mais formés "sur le tas", les stagiaires du jour suivent la formation "équipiers de pont": trois jours à potasser et répéter les gestes, les mots.

C'est la porte d'entrée pour être au point sur une vedette seconde classe (V2) ou un canot tout temps (CTT), des navires plus imposants que les semi-rigides (embarcation au fond solide avec des flotteurs gonflables) sur lesquels ils officient déjà.

Parmi eux, un professeur d'histoire, un fabricant de sièges éjectables, ou encore une gestionnaire paie au rectorat du Calvados: "J'ai envoyé un mail en février 2022 pour savoir si la station avait besoin d'aide pour l'administratif", se rappelle Patricia Alacalde-Vasquez, 48 ans, sportive au regard pétillant.

- "La première nuit, c'est hyper impressionnant" -

"Je suis affûtée mais en tant que femme, j'avais peur de manquer de force pour embarquer, ça me paraissait énorme", pourtant depuis un an, ça n'a "jamais été un frein".

On lui propose une sortie, puis deux, puis trois, elle se prend au jeu: "J'habite en face de la station donc quand le téléphone sonne la nuit, je suis souvent la première sur place".

Son plus grand souvenir ? "Le 19 août, c'est mon anniversaire, le téléphone sonne à 2h du matin", elle monte sur le semi-rigide avec l'équipe et part en pleine nuit remorquer deux navigatrices en perdition: "La première nuit, c'est hyper impressionnant, on n'a pas les repères, mais on a fêté mon anniversaire à terre et elles ont payé les croissants au petit matin".

"Une vedette, c'est bien plus dangereux qu'un semi-rigide, il faut mieux communiquer", précise la quadragénaire.

Il fait 7 degrés dehors, autant sous la surface, mais les "apprenants" vont amarrer, accoupler, remorquer leurs embarcations, récupérer des mannequins dans une Manche glaciale, le tout gratuitement.

Le froid mord sauveteurs et formateurs, qui au détour d'une discussion évoquent la mort avec effroi.

Comme cet accident au large de Saint-Nazaire en 2019, où une vague a ôté la vie à trois bénévoles d'un équipage.

Alors à quoi bon ? Antoine Lemercier, médecin généraliste de 37 ans, a une réponse: "l'ambiance, ça a été 90% de ma décision".

Lui qui n'avait "aucune notion maritime" a signé "en deux minutes": "j'ai visité la station de Barfleur lors d'un exercice, la super ambiance de groupe, les bateaux, l'hélicoptère, ça en impose".

Et Patricia de conclure: "c'est énorme, hyper enrichissant d'acquérir toutes ces compétences, et en équipe ça a plus de sens pour une sportive individuelle comme moi (elle a gagné un titre régional en 800m) mais attention, un mauvais geste et tu es responsable".

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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