Du bout du monde à son sommet, le navigateur Maxime Sorel raconte son ascension de l'Everest

Escales
Vendredi 26 mai 2023 à 17h34

"Je ne me suis jamais autant senti en danger que sur la montagne". De retour du sommet de l'Everest, qu'il a atteint mi-mai, le skipper français Maxime Sorel, 10e du dernier Vendée Globe, évoque ce double accomplissement hors du commun.

A quelques jours des 70 ans de la première conquête de l'Everest, réalisée le 29 mai 1953 par le Néo-Zélandais Edmund Hillary et le sherpa Tenzing Norgay, un autre exploit inédit a eu lieu à 8.848 mètres au-dessus du niveau de la mer.

Maxime Sorel, 36 ans, est devenu dans la nuit du 17 mai au 18 mai le premier homme de l'histoire à avoir terminé un Vendée Globe, périlleux tour du globe à la voile en solitaire, et à être parvenu sur le toit du monde, avec un appareil à oxygène.

"C'était assez fort (...). Je me suis mis à regarder les étoiles car il y avait une belles nuit et je me suis dit que je ne les verrais plus jamais d'aussi proche", se souvient le natif de Saint-Malo, de retour à Paris après plus de 40 jours d'expédition au Népal.

- A bout de souffle -

Le périple a été éprouvant pour le marin de l'écurie V and B - Monbana - Mayenne. Arrivé début avril à Katmandou, accompagné de l'alpiniste Guillaume Vallot, avec qu'il s'est longtemps préparé dans les Alpes, Sorel entame quatre semaines d'acclimatation à la haute altitude.

"Là, on commence à sentir le corps qui est en lutte parce qu'il n'y a pas beaucoup d'oxygène. Rien que le fait d'aller aux toilettes au camp de base (5.364 mètres), on est essoufflé. On vit malade, comme si on avait une bronchite en permanence", raconte le 10e du dernier Vendée Globe.

C'est pourtant là que le plus dur commence. L'équipage entame l'ascension le 16 mai, mais deux membres s'arrêtent en cours de route faute de pouvoir s'habituer à l'altitude et au froid, atteignant jusqu'à -40°C avec les bourrasques. Le navigateur décide tout de même de continuer avec un sherpa.

"Je n'ai jamais pensé abandonner. Je mettais un point d'honneur absolu à vouloir atteindre ce sommet (...) J'avais juste peur d'un truc. C'est que cette envie dépasse la raison et que, physiquement, je n'arrive pas à capter les signaux de mon corps", relate Sorel.

- Code wi-fi -

La sensation glaciale qui mord ses doigts de pied disparait petit à petit, pendant les derniers efforts. "On se met à cogiter, à perdre un peu la tête. Pour garder l'esprit au clair, je récitais le code wi-fi du camp de base en boucle", explique-t-il.

C'est lors de la descente, alors que le jour se lève, qu'il réalise enfin et trace des comparaisons avec son aventure sur le Vendée Globe. "C'est incroyable (...). Dans les mers du Sud, il y a (aussi) cette espèce d'immensité infinie où il n'y a rien", estime le trentenaire.

Ce projet, lancé en 2017 pour "mettre en avant l'association Vaincre la Mucoviscidose", le marin l'a vécu comme plus dangereux qu'un tour du monde en solitaire.

"Sur le Vendée, il s'est passé plein de péripéties, le bateau qui se couche, le mât qui touche l'eau. J'ai eu peur de ne pas finir la course, mais je n'ai jamais eu peur pour moi car il y a cette boîte de protection. Là, c'est ton corps qui prend tout", dit celui qui a effectué le tour du monde en 82 jours en 2021.

Une durée qui lui laisse penser que "l'Everest des Mers" reste en revanche le défi le plus exigeant physiquement. "Sur l'ascension, la grosse intensité dure cinq jours. Un Vendée Globe, c'est un peu comme si on avait gravi plusieurs fois l'Everest", affirme Sorel.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l'atout voyage et évasion de l'équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l'actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne. Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l'édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com. Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l'Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
François Tregouet
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Depuis toujours, François est passionné de voile en général et de multicoques en particulier. En croisière ou en course, de l’Europe à l’Australie, il ne les délaisse que lorsque le règlement l’exige : Mini-transat, Fastnet, Giraglia… Jamais rassasié de nouveautés, il a assisté à la plupart des salons sur les cinq continents. Depuis 2018 il se consacre entièrement à la rédaction et à l’information, notamment pour Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s'est toujours intéressé à l'équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l'auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d'occasion et qui décrivent non seulement l'évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son Targa 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Eric Mas est l'un des fondateur de METEO CONSULT – La Chaîne Météo. Éminent spécialiste de météo, Eric est également un marin passionné qui a routé les plus grands skippers sur toutes les eaux du globe : VDH lors du premier Vendée Globe, Philippe Jeantot, Jean Maurel, Michel Desjoyeaux, Francis Joyon, et tant d'autres. Actuellement il participe au projet de Lalou Roucayrol sur son multi 50.
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