Pôle Finistère Course au Large - Jeanne Grégoire : « C'est à nous d'être à la hauteur »

Par Figaronautisme.com

Cette édition de la Solitaire du Figaro – Paprec est marquée par un podium 100% Pôle Finistère Course au Large et la victoire de Corentin Horeau. Retour en trois épisodes sur cette course folle avec Corentin Horeau, Victor Le Pape, premier bizuth et Jeanne Grégoire, directrice du Pôle.

Le podium de cette Solitaire, qu’est-ce qu’il représente pour vous ?

« J’ai en tête une photo d'Alexis Courcoux prise peu après l’arrivée avec Corentin, Loïs et Basile, qui sautent sur le trophée de la Solitaire. J’y vois trois navigateurs solides qui viennent d’accomplir leur objectif, une véritable échéance dans leur carrière sportive. Ils exultent, ils sont dans le partage car c’est dans leur tempérament. On y voit de la légèreté, de la joie et c’est encore plus beau quand on connait l’engagement qui a été nécessaire.

Les figaristes sont des marins complets et ils sont des équipiers recherchés. D’ailleurs, presque tous les skippers du Pôle vont participer à la Transat Jacques Vabre. Ils sont embarqués sur de beaux projets où ils ont une valeur ajoutée importante. »

Quel est le point commun entre eux ?

« Ce sont tous les trois des instinctifs, des gens qui naviguent avec beaucoup de feeling et qui ont réussi à mettre une bonne dose de rationalité dans leur fonctionnement pour performer. Cela démontre que la course au large reste ouverte à tous les profils et que rien n’est écrit d’avance. »

Qu’est-ce que vous retenez de ce podium ?

« L’une des leçons de ce podium, c’est que Corentin, Loïs et Basile ont participé tous les trois à la Transat Paprec en double mixte au printemps. Certains skippers préfèrent se concentrer sur La Solitaire et font l’impasse sur la Transat. C’est une erreur car cette course rend plus fort. Tu passes 20 jours en double, à échanger avec quelqu’un d’autre. Tu confrontes tes idées, tes points de vue et ça aide pour la suite. C’est un processus qui s’enclenche et que tu poursuis même quand tu es tout seul. Par exemple, je suis convaincu que Loïs a profité de l’échange qu’il a eu avec Charlotte (Yven) pendant la Transat. »

Il y a aussi la performance de Victor Le Pape, premier bizuth :

« La place de premier bizuth de Victor Le Pape est belle. Il y avait du niveau cette année parmi les bizuths et la bataille a été corsée. Lors de la première étape, Victor a été dans la découverte. Ensuite, lors de la seconde étape, il a réussi à éviter la punition que d’autres ont pris et, sur la troisième étape, ça a été plus dur mais il termine cette Solitaire dans le top 10. Ça pose le débat. Victor était le seul bizuth du Pôle cette année et on sait que tous ceux qui ont remporté ce classement font de beaux parcours par la suite. »

La première étape a failli être fatale pour plusieurs skippers du Pôle ?

« On savait qu’il y avait de sérieux clients sur cette Solitaire. La première étape aurait pu coûter cher car le risque quand on a plusieurs bateaux à ce niveau-là, c’est de rester à se regarder. Avec Erwan Tabarly, c’est un point sur lequel on insiste mais c’est compliqué une fois qu’ils sont en mer. Ils ont beaucoup de respect, voire d’admiration entre eux et ils ont parfois du mal à remettre en cause ce que fait l’autre. Quand tu as un Basile Bourgnon ou un Corentin Horeau que tu sais en forme et inspiré devant toi, c’est compliqué de faire différemment. Au niveau des Scillys, ils font une dizaine de milles en trop à cause de ça. Vu de la terre, ça nous parait énorme mais en mer, ça passe très vite. C’est d’ailleurs notre rôle de confronter notre vision à la leur. »

Cette édition est aussi celle de la triche ?

On ne peut pas parler de cette édition sans parler de triche. Pour nous, ce qui s’est passé est inacceptable. En début d’année, nous posons les règles de fonctionnement du groupe et tout le monde joue tous avec des règles identiques, même à l’entraînement. Respecter les règles, c’est respecter ses adversaires, ses partenaires, tout le monde. La déclaration sur l’honneur, c’est quelque chose auquel j’ai toujours cru et qui est très largement respecté. Ce qui fait la valeur d’un figariste, c’est sa capacité à recaler une situation météo, à établir ce que l’on appelle la pile stratégique avec les paramètres de courant, de vent et d’effets de site. La finesse du figariste, c’est de comprendre ça.

Il fallait être capable de déceler cette triche :

La Direction de Course a pris la bonne décision en décidant de vérifier tous les bateaux ce qui permet un verdict incontestable. Il faut une grosse compétence technique et c’est le cas de cette Direction de Course. C’est aussi possible parce qu’elle est en mer, au plus proche de ce que vivent les marins. Le directeur de course doit être disponible, pertinent dans ses analyses et ils sont peu à cocher toutes ces cases. A ce titre, je donne un grand coup de chapeau à Yann Château ainsi qu’aux arbitres qui sont intervenus rapidement, avant même la remise des prix. On sait que, quand on fouille un ordinateur, on n’a qu’une seule envie, c’est de ne rien trouver car rien ne doit mettre le sport en péril. Notre sport a ses défauts mais au moins, le problème a été abordé frontalement.

Le Pôle Finistère Course au Large accueille aussi de plus gros bateaux ?

Nous venons justement d’organiser un stage avec les Ultims et ça a été fabuleux. Ils étaient lancés à 40 nœuds, dans la nuit noire à quelques longueurs les uns des autres. Ils ont joué le jeu de l'échange puisque tous les skippers ont participé au debriefing en commun, ce qui constitue l’ADN du Pôle. Notre force est de mettre en place des situations qui permettent aux coureurs d’être à leur meilleur niveau et de se tirer mutuellement vers le haut.

Quelle est la suite pour le Pôle ?

Aujourd’hui, on se projette déjà sur le Vendée Globe. Le départ de la Transat Jacques Vabre est dans trois semaines mais la préparation est déjà terminée - ou presque - pour nous. Le niveau en IMOCA est hallucinant comme on vient de le voir sur le Défi Azimut. La question que l’on se pose en tant qu’entraîneurs, c’est : « comment faire encore mieux ? » Quand ils vont rentrer de la Transat Jacques Vabre, les skippers seront dans un tout autre état d’esprit. Dans quatre mois, on s’adressera à des marins qui prépareront un tour du monde en solitaire et sans escale, ça n’est pas du tout pareil que de préparer une transat en double. Leur état d’esprit ne sera pas le même et c’est à nous d’être à leur hauteur.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Denis Chabassière
Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
METEO CONSULT
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
Cyrille Duchesne
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...