Le skipper de For People, vainqueur des trois grandes dernières transatlantiques (Transat Jacques Vabre 2021 et 2023 et Route du Rhum 2022), en termine à son tour. Il a franchi la ligne ce mardi à 08h 59min 46s à l’issue de 11 jours 15 heures 59 min et 46 sec de course. Après un très bon début de course, le lauréat de la dernière Transat Jacques Vabre a dû faire face à des problèmes de safran et une grand-voile déchirée réduisant à néant ses envies de victoire. Il termine à 2 jours 15 heures 55 minutes après le vainqueur, Yoann Richomme.
Il a gagné la Route du Rhum, les deux dernières éditions de la Transat Jacques Vabre (2021, 2023) mais le Retour à La Base lui aura résisté. Thomas Ruyant, qui a terminé toutes ses courses sur le podium depuis le dernier Vendée Globe (hormis un abandon à la Guyader Bermudes 1000 Race l’an dernier), en a terminé ce mardi seulement au cœur du peloton.
Le record et les galères
Pourtant, comme souvent avec Thomas Ruyant, tout avait (très) bien commencé. Il avait bénéficié de douze jours de repos en Martinique et se disait « plutôt impatient de prendre le départ ». « S’il y a une opportunité d’aller la gagner, je la saisirai », confiait-il sur les pontons. Après un contournement de la Martinique délicat – « ce n’était pas les allures favorites du bateau » a-t-il reconnu – le Nordiste est revenu sur le « top 5 » dans le long bord vers le Nord. Dès qu’il a pointé l’étrave vers l’Est, For People a ensuite affolé les compteurs. Entre le dimanche 3 et le lundi 4 décembre, il avalé 539,94 milles marins à 22,49 nœuds, battant le précédent record d’Alex Thomson (536,81 milles).
Mais il n’a pas vraiment eu le temps d’en profiter. Dans la foulée, il enchaîne les galères avec des problèmes à son système de safran et une grand-voile déchirée. Les velléités de victoire s’arrêtent net et une autre course commence, tenir en sachant que les places d’honneur s’envolent. « J’ai bien sécurisé le mât avec les bastaques car il n’est plus soutenu par la grand-voile, toute la traction se fait par mes voiles d’avant, explique-t-il. Je navigue à plat avec les deux foils dans l’eau pour éviter de trop giter ». C’est donc grand-voile affalée qu’il poursuit son chemin vers Lorient non sans cacher une certaine forme d’ennui jusqu’à la fin du parcours. Pas question d’être abattu pour autant : Thomas connaît trop les affres de la course au large pour savoir qu’il aura bien d’autres occasions de briller l’année prochaine.
Sa première réaction au ponton
"C’est finalement pas si long 11 jours ! Mais quand le bateau est pas dans sa configuration, c’est pas aussi drôle, mais c’est quand même du temps passé en mer, j’ai pu voir plein de choses pour la suite...
Ce qu'il s'est passé, c'est que j’ai tapé avec le safran tribord, ça a abîmé du composite à l’arrière, j’ai ralenti pour réparer, j’étais vent arrière, et le bateau a fait deux empannages et la grand-voile s’est déchirée en deux. J’ai vu "Malizia" après l’arrivée, bah la même mais moi c'était sept jours de l’arrivée ! Donc une fin de transat sans grand voile, il faut trouver une autre motivation, au moins j’ai navigué avec toute la flotte, j’ai essayé de trouver des petits trucs pour aller vite quand même, mais c’est sûr que le bateau est pas équilibré, ça roule, et c’est surtout un peu frustrant.
Le gros point positif c'est ce record de distance en solitaire sur vingt-quatre heures. Ca fait un moment que ça me titillait, on avait déjà essayé de le faire en 2021 ! Il était temps qu’il tombe ce record avec les bateaux qu’on a maintenant ! Je suis vraiment content, c’est un beau record !
Au final, c’est un bateau sistership qui remporte la course avec Yoann (Richomme, Paprec Arkéa), on sait qu’on a des bons bateaux de portant, ça confirme nos choix. C’est beaucoup d’échanges et de réflexions depuis le Vendée Globe 2020, c’est un nouveau concept qui fonctionne !
Et pour finir, un petit mot pour Sam (Goodchild, For The Planet), qui est venu m’accueillir ce matin avec les croissants, c’était sympa ! Il fait une saison parfaite, avec que des podiums, champion d’IMOCA, c’est génial pour toute l’équipe, on fait carton plein sur la saison avec des victoires, des podiums, des records, un championnat… et en plus de ça on se marre bien ! Je suis convaincu de ce qu’on a monté avec TR Racing, même si ça faisait pas forcément l’unanimité, on me disait « tu donnes les clés d’un super bateau à un super moment… » Moi je sais ce que j’en tire, ça m’a permis de progresser plus vite sur l’eau, et c’est un bateau que j’aime et je suis content de voir qu’il continue de gazer !"
Sa course en chiffres
Arrivée : 12/12/2023 08:59:46 FR
Temps de course : 11j 15h 59min 46s
Écart au premier : 2j 15h 55min 58s
Écart au précédent : 01h 00min 44s
Sur l'ortho : 3 497.42 nm / 12.49 nds
Sur le fond : 4 471.99 nm / 15.97 nds