LA TRENTE-SIXIÈME NUIT. Au lendemain de son passage du cap Horn, Thomas Coville s’est livré hier après-midi dans une vidéo poignante, au bord des larmes. Actuellement 3e, il progresse le long des côtes sud-américaines, comme Armel Le Cléac’h (2e) devant lui. Charles Caudrelier (1er), lui, pointe à 1 600 milles plus au Nord, Anthony Marchand (4e) bataille dans l’océan Pacifique et Éric Péron (5e) se rapproche de la longitude de la Nouvelle-Zélande.
S’exalter comme Thomas Coville. Raconter l’océan, le ciel, la vitesse, les bateaux. Écouter les mots du skipper Sodebo, c’est s’autoriser à plonger dans un univers parallèle, à mettre des couleurs, des émotions, des ressentis, derrière les chiffres et l’avancée des bateaux en forme de pictogrammes sur la « carto ». On en a eu une nouvelle illustration, hier après-midi, quand son équipe nous a fait parvenir une vidéo.
C’est le lever du jour dans le détroit de Le Maire. Le bleu du ciel se mêle à des nuages plus sombres et à des teintes orangées et rosées. Au fond, il y a l’île des États. On distingue un oiseau au loin, on entend le souffle de l’Ultim et Thomas se fait conteur : « on quitte l’Antarctique. Ce sont des couleurs incroyables. Il y a beaucoup de courant, la mer est très formée. C’est hostile, sauvage, impressionnant. Le vent est entré fort entre l’île des États et la Terre de Feu et on nous a laissé passer ».
« La dépression est en train de s’évacuer »
Thomas ajoute : « pendant longtemps, on est sous pression, on se dit qu’il ne faut pas craquer parce qu’il n’y a personne. C’est un moment très important de cet ARKEA ULTIM CHALLENGE-Brest. Je ne réalise pas trop encore mais on y est les gars ! » Le marin est au bord des larmes et à l’émotion se mêle une forme de soulagement.
Dans le même temps, sa progression continue à 17 nœuds de moyenne ces dernières 24 heures. La présence d’une dépression conséquente dans son Est l’a poussé à longer les côtes, comme Armel Le Cléac’h (Maxi Banque Populaire XI) hier. « C’est la situation des derniers jours qui fait qu’ils sont là où ils sont aujourd’hui, assez proche de la côte, précise Guillaume Rottee, le directeur de course. La dépression est en train de s’évacuer vers l’est ».
Une remontée de l’Atlantique « atypique » pour Caudrelier
Devant, Charles Caudrelier – qui avance ce mardi matin dans 11 nœuds de vent - continue de tricoter au large des côtes brésiliennes. Hier, Gitana expliquait qu’il avait dû enchaîner une dizaine de virements de bord en l’espace de 48 heures. Pour Benjamin Schwartz, cité dans un communiqué de l’équipe, cette remontée de l’Atlantique est «assez atypique» avec « une situation d’alizé très faible » et « un anticyclone très étendu sur l’Atlantique Sud ». Il n’empêche, Charles fait progressivement la jonction avec les alizés ce qui devrait lui permettre d’aller jusqu’à l’Équateur via un long bord tribord.
Par ailleurs, l’écart avec ses deux poursuivants s’estompe. Le Maxi Banque Populaire XI a ainsi repris 600 milles sur le Maxi Edmond de Rothschild même si cette donnée est à prendre avec des pincettes. « Les deux bateaux se sont rapprochés mais il n’y a pas de conclusion hâtive à faire pour autant car il s’agit plus d’une notion d’écart en distance qui n’est pas forcément corréler à une avec une notion d’écart en temps », abonde Guillaume Rottee.
Dans le Pacifique, Eric Péron (ULTIM ADAGIO) a repris près de 700 milles sur Anthony Marchand (Actual Ultim 3) entre vendredi dernier et aujourd’hui. Pour rappel, le skipper d’Actual Ultim 3 navigue sans foil bâbord et avec un foil tribord bloqué en position haute. Les conditions sont plutôt assez favorables pour ULTIM ADAGIO dans sa progression vers le cap Horn. De son côté, Actual devra négocier le passage d’une dépression tropicale qui croisera sa route vers le cap Horn aux alentours du 17-18 février, un scénario un peu similaire à celui vécu par Charles Caudrelier.
Source : ARKEA ULTIM CHALLENGE BREST
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