LA TRENTE-HUITIÈME NUIT. Loin des trois premiers qui continuent de progresser dans l’Atlantique, Éric Péron (5e) est à l’avant d’un front qui lui permet d’avancer vite au cœur du Pacifique. Il raconte ce « booster » vers le cap Horn, décrit les conditions et détaille la vigilance nécessaire. Dans le même temps, Armel Le Cléac’h (2e) creuse l’écart avec Thomas Coville (3e) et Charles Caudrelier (1er) se rapproche de l’Équateur.
Heureux qui, comme Éric Péron, a fait un long voyage. Le skipper d’ULTIM ADAGIO, seul à disputer la course à bord d’un bateau sans foil et dernier concurrent de cette course (5e), savoure sa progression dans le Pacifique. 25 nœuds de moyenne sur les dernières 24 heures, 24,5 nœuds à 7 heures ce matin et « des pointes à plus de 35 nœuds » expliquait-il hier. « On est dans le front chaud de la brume des cinquantièmes hurlants », précisait-il dans une vidéo. Éric, vêtu de sa veste rouge, montrait ensuite l’extérieur, le ciel gris et bas, l’absence de lumière, l’écume et l’agitation du bord.
« Un bon booster pour aller vers le cap Horn »
Un peu plus tôt, dans un message audio, il expliquait : « sur un bateau archimédien, il faut mettre de l’engagement pour aller chercher ces vitesses-là ! Ce n’est pas de tout repos, ni de tout confort », confiait-il. Il n’empêche, Éric reconnaît « avoir de la chance d’être devant un front chaud qui me pousse vers l’Est avec du vent soutenu et une mer correcte ». Conserver ces vitesses, ce sera l’enjeu des prochains jours pour le marin.
« L’idée, c’est de garder ce phénomène météo pas très loin : ce sera un bon booster pour aller vers le cap Horn. Il faut ménager le bateau parce que les conditions sont assez soutenues et elles sollicitent aussi beaucoup le bonhomme. Ce n’est pas simple d’être toujours en alerte comme il le faudrait ! » « Il y a de l’air mais le bateau avance bien, précise Guillaume Evrard de la direction de course. Éric est dans un flux de Ouest, Nord-Ouest avec 20 à 25 nœuds de vent, toujours à l’avant du front, ce qui lui permet d’avoir une mer plus rangée (2, 2,5 m de houle). Son challenge, c’est de savoir combien de temps il pourra rester à l’avant du front ».
Le choix d’« Antho », le duo Armel-Thomas
À plus de 1 100 milles de là, Anthony Marchand (4e) se rapproche quant à lui du point Nemo. «Il y a toujours une interrogation sur la dépression tropicale qui vient se mettre sur sa route du cap Horn autour du 18 février. Il devrait choisir aujourd’hui s’il va la traverser ou attendre de la laisser passer, précise Guillaume. Si ‘Antho’ accepte d’aller au combat, il passera le cap Horn aux alentours de mardi prochain, sinon plutôt mercredi ».
Dans des températures beaucoup plus chaudes, Armel Le Cléac’h (2e) et Thomas Coville (3e) longent toujours les côtes sud-américaines. « Armel déroule et s’est un peu envolé parce qu’il est dans un flux d’Est qui était faible hier mais qui monte en intensité aujourd’hui, décrypte Guillaume. De son côté, Thomas est toujours en prise avec l’anticyclone et ça fait plusieurs heures qu’il est à la peine. »
Sodebo Ultim 3 ne dépassait pas les 10 nœuds de vitesse lors des dernières 24 heures. « Il va falloir attendre que l’anticyclone se décale vers l’Est et lui laisse de la place ». À noter par ailleurs que le Maxi Banque Populaire XI, qui va arriver au large de Rio de Janeiro, devra faire face à une dépression au niveau de Cabo Frio, ce soir. «Ça va l’obliger à faire des manœuvres pour s’en extirper ».
De son côté, Charles Caudrelier (1er) continue sa marche en avant en étant imperturbable. Il vient de passer la latitude de Recife, à 120 milles de cette grande ville brésilienne. « Charles est juste en dessous du pot-au-noir dans un alizé régulier mais faible d’Est. Il devrait le passer entre aujourd’hui et demain. Ce vendredi, ce sera la libération puisqu’il arrivera dans le flux d’alizé qui est plus établi et plus régulier ». Le skipper d’Edmond de Rothschild devrait passer l’Équateur demain en fin de matinée ou en début d’après-midi.
Source : ARKEA ULTIM CHALLENGE BREST
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