LA TRENTE-NEUVIÈME NUIT. Depuis 7h44'48'' ce vendredi matin, Charles Caudrelier navigue l’hémisphère nord. Thomas Coville a du vent, Armel le Cléac’h avance à pas comptés vers la côte brésilienne. Dans le grand sud, tandis qu’Anthony Marchand temporise, Éric Péron se rapproche.
Ce vendredi matin, à 7h 44' 48'', Charles Caudrelier a fendu l’équateur de ses étraves, après 39j 19h 14mn 48s de course. Au total, le skipper du Maxi Edmond de Rothschild aura passé 33j 11h 33mn 0s dans l'hémisphère sud.
Ce retour dans le nord est une bonne nouvelle à double titre. La maison se rapproche, d’une part et, d’autre part, Charles Caudrelier en a terminé avec le purgatoire qu’auront été sa remontée brésilienne et, dans une moindre mesure, le pot au noir. Le voici positionné très à l’ouest du champ de jeu, porté par l’alizé de Nord-Est qui va l’accompagner jusqu’aux Canaries. S’il a bonne réputation, l’alizé ne lui permettra pas de profiter à plein du hamac qu’il s’était fabriqué à l’aller, parce que les variations d’angle et de pression du vent y sont nombreuses, mais les manœuvres ne seront pas aussi consommatrices d’énergie qu’il y a quelques heures encore. Pendant trois jours, Charles Caudrelier devrait pouvoir profiter de cet alizé pour avancer à bon rythme et se ressourcer un peu. La suite de la trajectoire sera dictée par un anticyclone des Açores qui va montrer les muscles pendant que, venue de l’ouest, une énorme dépression née au Groenland va venir le frotter à l’épaule. Ce frottement devrait offrir au skipper une occasion de glisser jusqu’à Brest dans des conditions à peu près maniables. Il y a quelques jours encore, les fichiers météo anticipaient des vents à plus de 70 nœuds sur Brest ; au fil du temps, la dépression a perdu un peu de sa vigueur, mais il y aura bien entre 30 et 40 nœuds de vent d’ouest à la pointe du Finistère pour accueillir le potentiel vainqueur.
Aux caprices du Brésil
Privé de safran central, et contraint à rallier un port brésilien – l’annonce a été faite hier –, Armel Le Cléac’h avance à petit train. La matinée sera peut-être nourrie d’informations complémentaires sur l’avarie et les opérations à venir.
Thomas Coville, lui, a retrouvé du vent après 48 heures les pieds collés à la piste de danse. L’anticyclone qui le bloquait est derrière lui, et le skipper de Sodebo Ultim 3 a touché du vent. Ce n’est pas encore l’alizé du sud-est, mais sa route devrait être plus dynamique désormais.
Et, pendant ce temps, au point Nemo...
Anthony Marchand fricote avec le point Nemo. Si vous vous questionnez sur ce point, n'hésitez pas à consulter l'article : Charles Caudrelier à l'approche du Point Nemo : quel est ce point isolé ? . À petite vitesse, le skipper de Actual Ultim 3 fait cap au nord-est, laissant sagement passer une dépression qui aurait pu lui rouler dessus. Anthony Marchand se positionnera à l’arrière de cette dépression pour pousser vers le cap Horn, qu’il devrait franchir le 21 février… avec une douzaine d’heures d’avance sur Éric Péron qui, lui, a pris ses quartiers à l’avant de la dépression d’après. Les deux hommes n’auront pas la même mer. Les deux bateaux n’iront donc pas à la vitesse, et c’est Adagio qui aura l’avantage de la vitesse sur cette séquence-là.
Source : ARKEA ULTIM CHALLENGE BREST
Pour suivre les évènements de la course, n'hésitez pas à consulter le dossier spécial ARKEA ULTIM CHALLENGE BREST .