LA QUARANTE-DEUXIÈME NUIT. La tendance n’est pas aux grandes vitesses, ce lundi matin. Si Éric Péron a été le plus rapide sur 24 heures, Charles Caudrelier voit les milles à parcourir s’amenuiser : le voici à moins de 2000 milles de l’arrivée. Armel Le Cléac’h, lui, est de retour aux affaires.
Brest, 2000 milles. Et déjà un peu moins. Pour Charles Caudrelier, le retour à la maison se précise minute après minute. Même s’il concède quelques dégradations matérielles de nature à éreinter les capacités de vitesse de son Maxi Edmond de Rothschild, même s’il sait qu’il devra gérer d’ici peu le passage d’une dépression touffue qui pourrait peut-être lui faire envisager de lever le pied pour sécuriser son arrivée triomphale, le leader poursuit sa marche en avant, affichant encore une progression à près de 600 milles sur 24 heures. Méthodique, expérimenté, rôdé à la victoire dont il connaît le coût et les délices, affichant un tempérament de sang-froid de bon aloi, Charles Caudrelier sait que tout relâchement peut avoir de fâcheuses conséquences. Mais que se passe-t-il au fond de l’âme du possible premier vainqueur de l’Arkea Ultim Challenge – Brest ? La suite de sa trajectoire lui offre sans doute une bonne raison de rester totalement dans son sujet. Une petite bande anticyclonique se présente à lui dans l’immédiat ; un monstre dépressionnaire venu du Groenland va déferler sur le golfe de Gascogne et le Finistère d’ici une soixantaine d’heures. Voilà de quoi le garder en parfait éveil. En pleine conscience. Le sublime l’attend, il ne faut pas gâcher. Ce lundi matin, Edmond de Rothschild progressait à 23 nœuds, plein nord, dans un vent de nord-est d’une quinzaine de nœuds.
2300 milles derrière, Thomas Coville remonte le long du Brésil à une vingtaine de nœuds dans l’alizé moyennement énergique. Sa moyenne journalière s’est un peu affaissée : au classement de 7 heures ce matin, il n’avait parcouru « que » 378 milles au cours des dernières 24 heures, durant lesquelles le skipper de Sodebo Ultim 3 a beaucoup tricoté pour arracher son géant de carbone des piégeuses faiblesses de l’alizé aux abords des côtes brésiliennes. Calé plus au large, et en direction dans des airs plus soutenus, Thomas Coville ambitionne passer la latitude de Recife dans les heures qui viennent avant de traverser un pot au noir très large dans l’est. Voici sans doute pourquoi il reste si près du continent sud-américain. Armel Le Cléac’h a repris sa marche en avant, dans des conditions de navigation qu’a rentré Sodebo quelques heures plus tôt. Reparti quelque 400 milles derrière son rival, le skipper du Maxi Banque Populaire XI avance à petits pas : 180 milles parcourus au cours des douze-quatorze dernières heures. Du près l’attend, pour un petit moment.
Moins de 800 milles séparent Anthony Marchand du cap Horn. Le voici bien positionné, à rien de pouvoir dessiner une route quasi-directe vers la libération. Pour ce faire, le marin d’Actual Ultim 3 a soigné sa descente vers le sud, dessinant une jolie volée de marches, se recalant opportunément à l’avant d’une petite dépression. La journée qui débute devrait être propice à la vitesse. Un peu moins de 500 milles derrière, Éric Péron pousse son Adagio dans les vents de la dépression. Sans doute endure-t-il une mer un peu plus formée. C’est pourtant lui qui, au cours des dernières 24 heures, a été le plus performant, engloutissant 633 milles. C’est au prix de cet effort aussi qu’il s’assurera de passer le cap Horn dans des conditions maniables : il est poursuivi par un serpent rouge, témoin sur la cartographie de la glissade de vents assez soutenus.
Source : ARKEA ULTIM CHALLENGE BREST
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