LA QUARANTE-CINQUIÈME NUIT. À Horta, Charles Caudrelier patiente. Derrière, un marin arpente les eaux de l’Atlantique nord – Thomas Coville a passé l’équateur hier après-midi -, les trois autres skippers remontant l’Atlantique Sud.
Sur le quai du Commandant Malbert, tout est prêt pour accueillir le premier vainqueur de l’ARKEA ULTIM CHALLENGE – Brest. Mais le leader, Charles Caudrelier, est à l’escale à Horta, à l’abri du gros coup de vent qui déferle sur le golfe de Gascogne. À 1189 milles de la ligne d’arrivée, soit environ 35 heures de navigation, si l’on réfère aux conditions de navigation dans lesquelles le skipper du Maxi Edmond de Rothschild devrait évoluer lorsqu'il repartira, l’attente doit paraître interminable. Dans les starting-blocks, Charles Caudrelier doit avoir l’oreille aux aguets, attentif du coup de pistolet de starter que son équipe de routage finira bien par faire claquer. Mais quand ? D’ici quelques heures, pour une arrivée probable dimanche, à condition de profiter d’une toute petite fenêtre météo ? Dans un peu plus longtemps, le temps que la dépression ait fini de martyriser l'air et de froisser les eaux du golfe de Gascogne, pour une arrivée lundi ? Le mystère reste aussi épais qu'une dépression de février. Seule l’annonce officielle de fin d’escale technique, en provenance de Gitana Team, viendra saupoudrer de stress et d’excitation le village d’arrivée.
Sacré pot. Plutôt intransigeant avec Thomas Coville, a priori assez compatissant avec Armel Le Cléac’h, le pot au noir dicte sa petite loi locale et impose ses jurisprudences contradictoires au gré de ses humeurs versatiles. Entré dans la zone de convergence intertropicale le 20 février après-midi, Sodebo Ultim 3 est en passe de s’extirper du pot de glu. C’est un vent de nord-est qui se propose à son gréement maintenant... mais aussi une zone anticyclonique qui, dans un proche avenir, va barrer la route directe vers le golfe de Gascogne. À moins de favoriser la route la plus courte, et d’accepter d’enchaîner les transitions, Thomas Coville devrait faire cap à l’ouest pour profiter de « l’autoroute » que les prévisions météorologiques lui annoncent. Avec un bateau proche de ses capacités maximales, grâce au travail de son équipe technique lors de l’escale effectuée à Hobart, l’ex-recordman du tour du monde en solitaire doit forcément être tenté de miser sur la vitesse. Son arrivée à Brest pourrait se faire le 29 février ou le 1er mars.
En deuxième position ? C’est bien possible. S’il compte actuellement 600 milles d’avance sur Armel Le Cléac’h, sa sortie du pot au noir, et l’arrivée sur zone du Maxi Banque Populaire XI, va rejouer la Scène 8 de l’Acte 4 du coup de l’élastique, et les écarts vont irrémédiablement se creuser, mais pas dans des proportions incommensurables. Armel Le Cléac’h, qui navigue actuellement dans l’alizé de sud-est, pourrait bien profiter d’une petite porte ouverte dans le pot au noir ; les routages effectués par la direction de course le voient à l’équateur dans une journée et demie. C’est cadeau !
Plus bas dans l’hémisphère sud, le temps est à la transition. Remontant actuellement au près dans un flux de nord, Anthony Marchand va finir par toucher du vent d’ouest qui lui permettra de tracer une trajectoire plus directe. D’ici 24 heures, le skipper de Actual Ultim 3 devrait avancer au portant. La remontée vers l’équateur devrait être assez vive. Elle devrait l’être aussi pour Éric Péron, pour qui sonne l’heure du choix. Le skipper de Adagio doit choisir entre une route par l’est qui le mènerait vers le sud des îles Malouines – il naviguerait alors au près, mais sur une route directe – et une route ouest, un peu moins directe, mais qui pourrait se révéler payante s’il parvient à exploiter une bordure d’anticyclone à même de le propulser vers le nord.
Source : ARKEA ULTIM CHALLENGE BREST
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