
À travers l’exposition La Grande Expédition, le CENTQUATRE-PARIS et la Fondation Tara Océan sensibilisent le public aux enjeux écologiques en utilisant un double prisme artistique et scientifique. Depuis plus de 20 ans, la goélette Tara accueille des artistes à bord dans le cadre de résidences créatives, leur permettant d’observer, interpréter, et transmettre la beauté et la fragilité de l’Océan.
Les oeuvres exposées - peintures, sculptures, photographies, installations audiovisuelles et sonores - plongent au coeur des enjeux environnementaux. À travers ce projet, l’art devient un pont vers la science, éveillant les consciences à la nécessité de protéger ce patrimoine naturel irremplaçable.
Avec les artistes
Elsa Guillaume : Diplômée des Beaux-Arts de Paris et plongeuse passionnée, elle explore les univers maritimes en mêlant dessin, céramique, et installation. Ses oeuvres, nourries par des expéditions avec la goélette Tara et des voyages de recherche, questionnent les écosystèmes marins et les impacts humains. Installée à Bruxelles depuis 2019, elle y réalise des oeuvres exposées internationalement, et a été primée par le prix COAL pour l’art et l’environnement, affirmant son engagement artistique pour l’écologie.
Fins & Slices
Installation. Céramique, néoprène, rivets, 2016-2022
Palmes- nageoires, sacs à dos-branchies ou encore lunettes yeux de poissons, invitent le visiteur à la métamorphose pour enfin accéder librement à l’espace marin... Mais ces accessoires poétiques sont aussi abats, le restant d’une pêche peu miraculeuse : on y voit ailerons et chair morcelée, la découpe est précise. C’est le glissement de l’émerveillement vers la réalité.

Nicolas Floc’h : Nicolas Floc’h, artiste marin et plongeur, vit entre Paris et la Bretagne. Son oeuvre, exposée au SMAK, Centre Pompidou, Palais de Tokyo, et à la triennale de Setouchi, explore les flux et transformations de notre époque. Depuis dix ans, il documente les habitats sous-marins à travers une photographie centrée sur les changements globaux et la notion de paysage sous-marin. Ses projets, nourris de recherches et rencontres, créent des oeuvres ancrées dans le réel et marquées par l’évolution des écosystèmes.
Structures productives, récifs artificiels
Sculptures en béton fibré, 2013-2014
En 2008, Nicolas Floc’h embarque sur la goélette Tara entre Tokyo et Keelung (Tara Pacific). À bord, il accompagne les scientifiques lors des plongées et travaille à son inventaire sur les récifs artificiels. Il poursuit également sa série photographique Paysages productifs, commencée en 2015, qui regroupe un ensemble de projets sur la représentation des paysages sous-marins et leur rôle en tant qu’écosystèmes productifs. Cette résidence lui permet de traiter des concepts globaux comme l’acidification des océans et le réchauffement climatique.

Manon Lanjouère : Manon Lanjouère, photographe parisienne, mêle photographie, sons, installations et sculptures pour créer des mondes fictifs alliant science et poésie. Diplômée des Gobelins en 2017, elle explore l’interaction entre paysages et humains. Son travail a été exposé à la Maison Européenne de la Photographie, au Benaki Museum d’Athènes, et à Kyotographie. Ses oeuvres sont conservées dans des collections, dont celles du Musée de l’Elysée, du Musée Nicéphore Niépce et du Centre National des Arts Plastiques.
Manon Lanjouère révèle, avec Les Particules, le drame de « l’impureté » des océans dont les eaux, autrefois pures, se transforment progressivement en réceptacles des pollutions humaines. La vie sous-marine, étouffée par le plastique, et le microbiome océanique, désormais menacé, actent la fin d’un monde aujourd’hui disparu. L’océan, berceau de la vie et essentiel pour la captation du carbone et la production d’oxygène, devient peu à peu le tombeau de l’humanité. Les Particules révèlent la destruction causée par l’homme, en faisant des matériaux plastiques une nouvelle forme représentative des microbiomes. En jouant sur un contraste entre la beauté artificielle et la réalité repoussante, Manon Lanjouère cherche à éveiller la conscience du spectateur face à la menace écologique.
Récits, dessins, photographies ou encore oeuvres cinématographiques, les éléments exposés dans Carnets de voyage sont autant de témoignages proposés par les artistes pour rendre compte à leur manière de ces expéditions et de leurs histoires.