Plusieurs fois leader ces derniers jours, 3e ce mardi au pointage de 15 heures, le skipper Paprec Arkéa ne cache pas son plaisir d’être en mer. « Je me sens bien à bord, j’ai pris mon rythme » résume-t-il simplement alors qu’il allonge la foulée dans l’océan Indien. Au coeur de ses préoccupations : la dépression qui va balayer la tête de la flotte, la plus virulente depuis le départ (des rafales à 60 noeuds, des creux de plus de 8 mètres). Yoann a joué la prudence et s’est positionné au Nord afin d’avoir un « échappatoire ». Surtout, il se dit confiant dans les capacités de son bateau à surmonter cette épreuve. Confidences d’un skipper lucide et toujours aussi déterminé.
Comment tu résumes ces derniers jours entre les vitesses folles dans l’Atlantique Sud et les premiers jours dans l’Indien ?
« Certes, il y a eu de la vitesse dans les derniers jours mais ça restait relativement calme. C’était rapide mais pas insensé non plus. Surtout, on a eu un temps clément depuis qu’on est arrivé dans l’océan Indien, ce qui ne va pas durer. Pour l’instant, c’est agréable même si on doit faire face à l’arrivée du froid. Sans bonnet, sans chaussettes et sans mes crocs chauds, c’est difficile de tenir le coup ! C’est particulier de vivre dans les mers du Sud ! »
La bataille en tête de flotte semble toujours très intense...
« Oui c’est le cas. Mais pour l’instant, ça n’a pas été aussi éprouvant pour les hommes et les machines parce que l’océan Indien est clément jusque-là. Et surtout, on fait tous notre régate, on choisit nos trajectoires. Je n’ai pas l’impression d’avoir en permanence la pression de mes concurrents. Pour l’instant, chacun fait sa route et on fera les comptes à la fin. Et puis ça motive forcément d’être dans une belle régate ! »
Vous allez affronter une dépression à partir de mercredi. À quoi tu t’attends ?
« On va se prendre une sacrée « prune » ! Dans le centre de la dépression, il y a 60 noeuds de vent, ce qu’on va éviter d’aller chercher. Je vais essayer de me limiter à 40 noeuds de vent et à 7 à 8 mètres de vent maximum. »
Comment tu te prépares à y faire face ?
« Je me repositionne pour être placé dans son Nord-Est, ce qui n’est pas forcément la partie la plus facile. Pour Charlie (Dalin) qui va probablement chercher le centre de la dépression, ça peut être presque plus simple. Dans le Nord, ça me permet d’avoir une échappatoire en cas de problème, de me diriger dans des eaux plus calmes sans être coincé par la zone des glaces. Je fais aussi le tour du bateau en ce moment, j’essaie de réparer ce qui peut l’être avant et de préparer le matériel comme il le faut en attendant « le gros temps ». Je garde en tête les leçons apprises de Retour à la Base (Fort-de-France - Lorient, décembre 2023, remporté par Yoann, ndrl). Le vent et la mer avaient été très forts dans l’arrivée du golfe de Gascogne mais ça s’était bien passé avec ce bateau, j’en garde un beau souvenir. »
Plus globalement, est-ce que tu peux décrire les mers du Sud ?
« Pour l’instant, elles n’ont pas été éprouvantes. Ce qui est beau, c’est cette houle permanente sur plusieurs centaines de mètres qui te pousse régulièrement et te permet d’accélérer. Hier soir, j’avançais à 10, 12 noeuds, poussé par cette houle justement. C’était en plein coucher de soleil, avec plusieurs albatros qui volaient autour du bateau ! Mais ici, il ne faut jamais oublier que la météo peut changer d’une heure à l’autre. »
Retrouvez chaque jour notre analyse météo de la course avec METEO CONSULT Marine dans notre dossier spécial Vendée Globe.
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