Une semaine après avoir été contraint à monter au mât pour régler des problèmes de voile, le skipper de Freelance.com a dû affronter des conditions harassantes. Une houle de 10 à 12 mètres de haut, des rafales jusqu’à 70 noeuds... Il en a fallu du courage et de la ténacité pour tenir bon et résister. Le marin a réussi à faire face malgré les chocs et les frayeurs. Depuis hier, Guirec, actuellement 29e, peut enfin profiter de conditions légèrement plus clémentes et ne devrait pas tarder à franchir le Cap Leeuwin. Récit d’une semaine de tous les dangers où il a fait preuve d’une sacrée maîtrise et d’un sang-froid hors du commun.
Samedi dernier, il affichait un large sourire. Le ciel était bleu mais la raison de la satisfaction de Guirec est ailleurs : il avait réussi à réparer. La mission était pourtant périlleuse car pour résoudre son avarie de hook et son problème de drisse, il était obligé de monter au mât. Le skipper de Freelance.com s’y est attelé à quelques encablures des Kerguelen. « C’était un peu galère parce qu’il y avait jusqu’à 35 noeuds de vent et beaucoup d’algues qui se sont coincées dans le safran. À la fin, le bateau est parti au lof et il était très gîté ». Une fois l’opération réussie, le skipper de Freelance.com a pu profiter des Kerguelen qu’il a longées. « C’est trop chouette, jamais je n’aurais pensé venir ici ».
« À un moment, le bateau n’est plus contrôlable »
La suite, c’est une leçon de résistance. Le détour par les Kerguelen a plongé Guirec dans une posture très inconfortable, l’obligeant à négocier la plus grosse tempête rencontrée par un marin depuis le départ du Vendée Globe. Le ciel s’est assombri, le vent a gagné en intensité et les vagues ont commencé à devenir de plus en plus grosses. Le chaos, Guirec l’a filmé dimanche, montrant ces vagues puissantes qui s’abattent sur le cockpit. Il l’a aussi expliqué avec des chiffres qui disent la violence du phénomène : « J’ai eu du vent soutenu à 50-55 noeuds et des rafales à plus de 70 noeuds, des creux de 10 à 12 mètres... Je suis parti dans des surfs de plus de 30 noeuds, ça ne m’était jamais arrivé ».
Face à ce déchaînement, l’heure était à la survie. « J’ai passé plus de 20 heures enfermé dans mon bateau ». Il ajoute : « le bateau partait dans des surfs à plus de 30 noeuds, ça ne m’était jamais arrivé avant. À un moment donné, même en réduisant la vitesse au maximum, le bateau n’est plus contrôlable ». Son monocoque souffre, son corps aussi. Guirec ne compte plus ses bleus et ses hématomes sur le corps. Le skipper s’est notamment fait projeter hors de sa bannette, en retombant violemment sur le dos. « Je me suis fait bien malmener », atteste-t-il, lui qui conserve son casque en toute circonstance.
Guirec a donc tenu bon, puisant des ressources insoupçonnées. Il attendait impatiemment d’avoir des conditions un peu moins virulentes et c’est le cas depuis mercredi, même s’il avait encore une trentaine de noeuds de vent de moyenne et 6 mètres de creux. Le marin de Freelance.com n’en a perdu ni son sourire ni son enthousiasme. Après avoir décrit le chaos dans une vidéo, il ajoute ainsi : « même si ce n'est pas la mer la plus confortable du monde, même si je ne suis pas tous les jours serein, c’est vraiment chouette de vivre ça. La nature nous offre un spectacle magnifique. »
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