L’océan n’a pas fini de nous surprendre. Lors d’une expédition scientifique en décembre 2023, au large des côtes de Nouvelle-Zélande, des chercheurs de l’université d’Auckland ont immortalisé une scène pour le moins improbable : une pieuvre maorie solidement accrochée sur le dos d’un requin mako de trois mètres de long. Captée dans le golfe d’Hauraki à l’aide d’un drone et d’une caméra sous-marine, cette interaction étonnante a été révélée au grand public en mars 2025.
Une rencontre entre deux mondes marins
Le plus surprenant, ce n’est pas seulement la scène elle-même, mais le fait que ces deux espèces ne croisent normalement jamais leurs chemins. Le requin mako (Isurus oxyrinchus), connu pour être le plus rapide des squales avec des pointes à 74 km/h, évolue en haute mer, tandis que la pieuvre maorie, le plus grand céphalopode de l’hémisphère sud, préfère les profondeurs marines.
« Nous ne savons vraiment pas comment ce poulpe, qui vit sur le fond marin, a croisé ce mako qui nage en pleine eau », s’interroge la biologiste marine Rochelle Constantine. « C’est vraiment un mystère - mais l’océan regorge de surprises. »
Un « sharktopus » paisible
Repérée par une tache orange sur la tête du requin, la pieuvre semblait parfaitement à l’aise sur son étonnant support. Loin d’être agacé, le mako nageait calmement, comme si la présence du céphalopode ne le dérangeait pas le moins du monde. « Le requin semblait très heureux, et la pieuvre aussi », a même plaisanté la chercheuse.
Cette étrange association a inspiré aux scientifiques le surnom de « sharktopus », un jeu de mots anglo-saxon entre shark (requin) et octopus (pieuvre). Si les requins sont parfois accompagnés de poissons-ventouses, la présence d’un mollusque sur leur dos est, quant à elle, totalement inédite.
Une scène fascinante... et énigmatique
À ce jour, les scientifiques ignorent encore comment cette interaction a pu se produire. S’agit-il d’un comportement opportuniste, d’une simple coïncidence ou d’une stratégie de déplacement pour la pieuvre ? Les hypothèses restent ouvertes.
Une chose est sûre : cette scène rare, presque poétique, rappelle à quel point les profondeurs marines sont encore pleines de secrets. Et pour continuer à explorer ces mystères, les chercheurs appellent à renforcer les efforts de conservation. « Soutenir la biodiversité, c’est aussi se donner la chance d’assister à des moments extraordinaires comme celui-ci », conclut Rochelle Constantine.