
À l’occasion de la Journée mondiale de la santé, la Fédération Française d’Études et de Sports Sous-Marins (FFESSM) annonce le lancement d’un projet scientifique européen inédit. Dans le cadre du programme Erasmus+ Jeunesse, cette initiative s’intéresse à une question essentielle : la plongée sous-marine peut-elle contribuer au bien-être mental des jeunes ? En d’autres termes, et si respirer sous l’eau permettait aussi de mieux respirer dans la vie ?Depuis la crise sanitaire, la santé mentale des jeunes est devenue une priorité pour de nombreux pays. Isolement, anxiété, fatigue psychique : les signaux sont clairs, les besoins immenses. Face à ce constat, la FFESSM, accompagnée du DAN Europe, de l’Université libre de Bruxelles (Haute école Bruxelles-Brabant) et du laboratoire neurosciences des armées, coordonne une étude ambitieuse pour mesurer les bienfaits psychologiques de la plongée. Un projet qui entend donner des outils concrets aux professionnels de la santé et de la jeunesse, en intégrant la plongée comme activité sport-santé à part entière.
Une approche scientifique, un ancrage européenCe projet s’appuie sur une méthodologie rigoureuse, pensée à l’échelle européenne. D’abord, une vaste enquête sociologique menée en 2025 auprès de 1 000 jeunes européens de 18 à 29 ans. Puis, en 2026, deux semaines de plongée à l’UCPA Niolon permettront de recueillir des données physiologiques : des marqueurs salivaires liés au stress seront analysés pour mesurer concrètement l’impact de l’immersion.À l’issue de ces travaux, les résultats viendront alimenter un guide sport-santé à destination des professionnels. L’objectif est double : valider scientifiquement les effets positifs de la plongée sur la santé mentale, et faciliter son intégration dans les dispositifs sport-santé à travers l’Europe. Le tout sous la coordination du Dr Frédéric di Meglio, président de la FFESSM, et du Dr Bernard Schittly, président adjoint.
Un mouvement déjà bien ancré sur le terrainCette dynamique ne sort pas de nulle part. Plusieurs clubs pionniers ont déjà mis en place des projets concrets, avec des résultats très prometteurs. En Île-de-France, les Bulles Rebelles collaborent avec le GHU, groupement des services de psychiatrie, pour accompagner des jeunes en souffrance. À Strasbourg, l’Alsace Nautile Club travaille depuis trois ans avec l’Esquif, unité psychiatrique pour adolescents du CHU. À Marseille, le Bateau Jaune agit dans la même direction. Ces actions de terrain montrent que la plongée peut offrir un véritable espace de reconstruction psychique.La FFESSM s’appuie également sur son expérience dans l’accompagnement post-cancer. Depuis plusieurs années, elle forme des moniteurs spécialisés qui interviennent dans près de 150 clubs. À Paris, le projet Aquadémie, porté avec le Pr Jean-Pierre Lotz (Hôpital Tenon), en est un exemple. À Chacun Son Atoll, en Auvergne-Rhône-Alpes, accompagne quant à lui des femmes touchées par des cancers féminins. Là encore, la plongée se révèle être un allié précieux dans les parcours de soin.En initiant ce projet européen, la FFESSM ne fait pas que plonger dans l’eau. Elle plonge au cœur d’une question de société, en ouvrant de nouveaux horizons thérapeutiques. Une invitation à respirer autrement. À se reconnecter. À reprendre, doucement, le fil de soi.