
La société Mercator Ocean a présenté cette semaine à Nice les premières applications de son "jumeau numérique" de l'océan, un projet financé par l'Union européenne pour rendre les données disponibles accessibles à tous. L'an dernier, l'UE a dévoilé une copie numérique de la planète, qui permet de simuler et surveiller les risques environnementaux tout en trouvant des moyens d'atténuer le changement climatique.
Ce nouveau projet, qui devrait être complètement opérationnel dans trois ans, fait de même avec toutes les données in situ -bouées, bateaux océanographiques etc.- et satellitaires disponibles pour l'océan. "A partir de ça, on utilise des modèles mathématiques et physiques pour boucher les trous et avoir une représentation globale de l'océan, avec à peu près 9 milliards de points de mesures sur des tas de variables", explique Alain Arnaud, directeur de l'océan numérique à Mercator Ocean.
Cette société qui surveille l'état de l'océan depuis plus de 20 ans est basée à Toulouse (sud-ouest de la France) et va être transformée en organisation internationale. "La modélisation océanique existait depuis des années", reconnaît M. Arnaud. "La science on l'avait déjà. On a créé l'interface qui permet de rendre l'information beaucoup plus accessible".
Pour l'instant, ce "jumeau" n'est qu'un préprototype, qui aura besoin de moyens informatiques plus conséquents pour déployer toutes ses applications et faire des prévisions par rapport à différents scénarios qui pourraient lui être proposés.
Il pourra par exemple aider à la compréhension des cyclones, mais aussi de l'impact de changements climatiques sur l'océan ou de la mise en place d'une aire marine protégée. Au-delà de la prévision, il pourra en effet aider à la prise de décision.
Ainsi, une première application permet de visualiser où peut dériver une bouteille de plastique jetée à Marseille. Compte tenu des courants, elle pourra aboutir n'importe où sur les côtes méditerranéennes, mais avec plus de risques pour la Libye ou l'Egypte que pour l'Espagne. Une autre application permet de croiser les données de modélisation sur les déplacements des tortues, en fonction de leurs lieux de ponte et des courants, et celles sur les zones de pêche, pour déterminer dans quelles zones et à quelles périodes il est le plus efficace d'interdire la pêche.
Cela permet de limiter à la fois le nombre de tortues prises dans les filets et les contraintes imposées aux pêcheurs.