
Tempête de 2019, Covid, multiplication des activités de loisirs: les raisons pour lesquelles la participation s’érodait lentement depuis 2017 sont nombreuses et pas forcément évidentes, mais la courbe de participation est désormais en passe de s’inverser et 2026 en fera certainement la preuve après cette édition réussie. On en fait le pari!
Le Bol d’Or a bénéficié d’une croissance régulière jusqu’au début des années 90, et tout particulièrement depuis la fin des années 70 grâce à l’avènement du plastique et des voiliers en polyester. Pas moins de 684 voiliers ont disputé le Bol en 1990; le record absolu.
Depuis le milieu des années nonante, et jusqu’en 2018, la participation s’est stabilisée aux alentours de 500 voiliers avant de baisser progressivement; un phénomène remarqué sur la plupart des grandes courses de voile dans le monde entier aux exceptions notoires de la Fastnet Race ou de la Barcolana Regatta de Trieste, qui ont continué à progresser.
Sur le Léman, les participants « barbecue » et ceux qui naviguent avec un parasol ont progressivement délaissé le Bol d'Or, laissant la place aux véritables amateurs de régate. On l’a une nouvelle fois constaté cette année: pas moins de 300 concurrents sur les 404 inscrits ont franchi la barge du Bouveret d’une façon groupée, en moins de dix-neuf heures et en mode « régate ». Les calmes de la nuit ont ensuite hélas contraints de nombreux participants à l’abandon, la fermeture annoncée de la ligne à 14h00 pour cause de gros orage limitant les opportunités de terminer dans les temps. Le premier Surprise, Fou du Vent de Benoît Deutsch, a d’ailleurs franchi la ligne d’arrivée moins d’une heure avant la clôture.

Des bénévoles au rendez-vous
Pas moins de 200 bénévoles ont œuvré tout au long du week-end du Bol d’Or, mais aussi en amont de la course, pour faire tourner la grande machine de cette régate mythique. Sous la houlette de l’infatigable Véronique Lévêque, chaque rouage a trouvé sa place : distribution des instructions de course et du « Kit de Survie » aux équipages, pointages au Bouveret et à l’arrivée, sécurité sur l’eau, logistique à terre... Autant de dicastères qui demandent une coordination millimétrée.
Et cette coordination, c’est Véronique qui la pilote depuis 15 ans avec son unique alchimie d’autorité, d’humour et de convivialité. Le taux de renouvellement des bénévoles est d’ailleurs très faible d’une année à l’autre - une preuve éclatante du plaisir qu’ils prennent à s’engager, et de l’efficacité d’un système bien rodé.
Les profils des bénévoles sont variés - étudiants, cadres, retraités, membres ou non du club - mais tous ont un point commun : une passion profonde pour le Léman et pour le Bol d’Or. C’est ce lien invisible qui rend la dynamique des équipes si solide.
L’engagement ne se limite pas au week-end de la course. La mobilisation commence dès janvier, avec des réunions mensuelles. En mars, un apéritif de recrutement permet d’accueillir les nouveaux venus. En mai, un briefing complet prépare chaque équipe à sa mission. Puis vient la course, son tumulte et ses émotions, suivie d’un débrief en juin et d’un dîner convivial à l’automne.
Cette organisation bien huilée repose sur une rigueur certaine, mais surtout sur une ambiance unique, chaleureuse et festive. Une aventure collective, fidèle à l’esprit du Bol d’Or : exigeante, généreuse, et profondément humaine.
Des chiffres clés
Jérôme Clerc et son équipage se sont imposés en 15h 26’ 05’’, soit le 38è meilleur temps de l’histoire des vainqueurs du Bol d’Or. En 1956, le 6mJI Ylliam IX d’André Firmenich et Louis Noverraz avaient été les premiers à faire mieux, avec un temps de course de 11h 04’57’’. Le record du parcours a été établi en 1994 par Peter Leuenberger en 5h01, tandis que le record absolu, le Ruban Bleu, est détenu par le vainqueur de l’édition 2025 Jérôme Clerc en 3h43’27", soit 4,1 fois plus vite que cette année marquée par la pétole. A noter que le Ruban Bleu ne peut pas être battu durant le Bol d'Or, la ligne de départ n'étant pas située au même endroit.
A gauche, le catamaran Realteam Spirit, vainqueur du Bol d'Or 2025. A droite, les 6mJI qui ont remporté toutes les éditions du Bol d'Or de 1939 à 1969 (avec une exception en 1946).
La victoire de Realteam Spirit n'est que la troisième d’un catamaran TF35, contre 22 victoires pour les 6mJI (entre 1939 et 1969), 16 pour les Décision 35 (entre 2004 et 2023) et 8 pour les Toucans (entre 1971 et 1978).
Le classement au temps compensé a été remporté pour la première fois par un Esse 850, le redoutable Darnetal de David Pertuiset, après 22 heures et 19 minutes de course. Le deuxième, Ondine, un 6m SI construit en 1932, s’était imposé en 2023 dans des conditions de vent très léger, en 26 heures 20’ de course. Les statistiques de ces dernières années démontrent que les monotypes Surprise et les J70 s’imposent souvent dans la brise soutenue, tandis que le classement est beaucoup plus ouvert par très petit temps, lorsque les options stratégiques sont plus aléatoires... Enfin, les monocoques de taille médiane (Grand Surprises, Melges 32, Modulos 93...) affectionnent des airs moyennement soutenus.