
À quelques jours du grand départ, à Kiel, suite et fin de notre présentation de l’ensemble des équipages. Aujourd’hui, place à l’équipe qui évolue à domicile : Team Malizia avec Boris Herrmann aux commandes. Le skipper allemand, qui compte six tours du monde à son compteur, repart pour une nouvelle aventure collective. Lui qui avait fait construire un bateau pour The Ocean Race 2023 (3e), a constitué un équipage afin d’être performant tout en cultivant la bonne humeur. Avec l’expérience de Francesca Clapcich, la ténacité de Cole Brauer, le savoir-faire de Justine Mettraux, la talent brut de Loïs Berrehar et la connaissance du bateau de Will Harris, le collectif Malizia a fière allure. Décryptage.
Il ne s’en est jamais caché. Boris Herrmann, qui compte pourtant deux Vendée Globe à son actif (5e en 2020-2021, 12e en 2024-2025) apprécie peu le solitaire. Il en a souffert, d’ailleurs, lors de sa première campagne en solitaire autour du monde. Ce qu’il aime, c’est la transmission, le partage, la compagnie aussi. Boris est un homme d’équipage et ses dernières saisons n’ont eu de cesse de le rappeler. À la différence de la plupart des skippers IMOCA, il a lancé avec le Team Malizia la construction d’un bateau « fait » pour l’équipage, mis à l’eau en juillet 2022. C’est à son bord qu’il a fait partie, avec ses équipiers, des acteurs majeurs de The Ocean Race 2023.
L’ergonomie, un atout pour The Ocean Race Europe
« Même si le bateau est très maniable en solo, c’est vrai qu’il a été pensé initialement pour l’équipage », rappelle Will Harris, membre de l’équipe Malizia depuis 2019. Il a beaucoup plus de hauteur à l’intérieur par rapport aux autres IMOCA. Cela donne de la place et ça permet surtout d’accéder à tout sans difficulté, que ce soit dans la zone de vie, la station de navigation, la cuisine, les bannettes... Par ailleurs, on a beaucoup de visibilité donc cela facilite tout pour les manœuvres et pour régler les voiles ».
Dans une course aussi haletante que The Ocean Race Europe, avec des étapes courtes mais particulièrement disputées, l’ergonomie de Malizia sera donc un atout certain. En revanche, Will ne cache pas que « le bateau est moins performant dans des conditions moyennes, entre 10 et 15 nœuds de vent ». Avant d’assurer dans la foulée : « mais si le vent est moins fort ou au contraire plus fort, on peut rivaliser avec tous nos concurrents ».
De l’importance de « garder de l’énergie de bout en bout »
Mais la force de Malizia n’est pas uniquement technique. Il y a, au sein de l’équipe allemande, un certain état d’esprit que chaque membre cultive au fil des compétitions. Et cela commence par l’absence de hiérarchie établie à bord. « Pour Boris, c’est important que l’on soit tous au même niveau, que l’avis de chacun puisse compter dans la décision finale, abonde Will. Il est particulièrement attentif à encourager les initiatives, à s’appuyer sur l’expérience de chacun. Il est important qu’il n'y ait pas de gros egos à bord ». Alors, pour « garder de l’énergie de bout en bout », Will assure la nécessité « d’avoir une bonne ambiance », « d’essayer d’être le plus heureux possible à bord ».
Cela passe aussi par la faculté de faire confiance à chaque membre de l’équipage mais aussi leur permettre de « prendre le lead » quand les circonstances le permettent. Afin d’y parvenir, Boris pourra compter sur un alliage particulièrement solide entre l’expérience de Francesca Clapcich et Justine Mettraux, la connaissance du bateau de Will Harris, la ténacité de Cole Brauer, le talent brut de Loïs Berrehar... Tous les ingrédients semblent donc réunis pour être redoutable à chaque étape. De quoi viser les sommets ? « On navigue toujours pour faire le mieux possible et le mieux, c’est de gagner bien sûr, souligne Will. Mais je pense que nous serons heureux si nous terminons sur le podium ». On note, aussi, que l’équipage est le seul à compter autant de nationalités différentes : allemande (Herrmann), américaine (Brauer), italienne (Francesca Clapcich), suisse (Mettraux), française (Berrehar), britannique (Harris) et néerlandaise (Hartout). Peut-être la meilleure illustration de la capacité de Boris à fédérer les talents de tous les horizons.