Paul Meilhat aux commandes alors que l’étape 1 entre dans son premier grand test tactique

Par Le Figaro Nautisme

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© Lloyd Images / The Ocean Race Europe 2025

Paul Meilhat, le skipper de Biotherm, a transformé sa promesse d’avant-course en une domination précoce, menant The Ocean Race Europe vers la mer du Nord après 24 premières heures de course, propres et maîtrisées.
Dès le départ de Kiel, Biotherm a pleinement confirmé son statut de prétendant annoncé. Un mois de préparation en Europe du Nord s’est traduit par une exécution précise sur l’eau, les plaçant en tête de la flotte IMOCA alors que l’étape 1 passe d’un parcours côtier serré aux premières grandes décisions tactiques.

L’intention de l’équipe française était claire dès le coup d'envoi. Ils ont été les premiers à franchir la « Scoring Gate » de Kiel, engrangeant deux points et donnant le ton avant la première nuit. Depuis, ils ont maintenu l’autre équipe française, Paprec Arkéa, dans le sillage, en poussant fort durant un parcours côtier exigeant physiquement.

« Le départ a été très intense, et nous avons certainement brûlé beaucoup d’énergie », a déclaré le skipper de Paprec Arkéa, Yoann Richomme, en poursuite depuis le coup de canon. Pour Amélie Grassi, régleuse sur Biotherm, la première nuit a été sans répit. « Avec la côte si proche, un trafic important, de petites bouées et un vent assez instable, nous avons très peu dormi. Pendant longtemps, nous étions tous les quatre dans le cockpit à travailler ! »

De courtes siestes au milieu de la nuit étaient le seul répit possible, avec des ajustements constants de la route et du réglage des voiles pour maintenir la vitesse. « Nous avons pris un excellent départ, avec de bonnes sensations dès le début », poursuit Amélie. « Nous avions un plan clair pour l’organisation à bord et les réglages afin d’être rapides. Jusqu’ici, il se déroule sans accroc. »

Ce plan leur a permis de prendre l’ascendant sur cette première phase, avec de bonnes sensations dès le début », poursuit Amélie mais le caractère de la course est sur le point de changer. Après avoir doublé Skagen et la pointe nord du Danemark, la flotte tire des bords courts face à un vent d’ouest de 15-20 nœuds : un travail laborieux, bruyant et humide qui exige tout l’équipage sur le pont. La brise devrait culminer avant de faiblir dans la nuit, un changement qui ouvrira la porte à la phase suivante.

Pour les navigateurs, les premières 24 heures ont été relativement simples, avec des couloirs étroits, des marques de passage évidentes et peu de place pour diverger. L'entrée dans la mer du Nord sera différente. Avec plus d’espace pour manœuvrer et une prévision de vents plus légers demain matin, les premières décisions pourraient décider de l’étape. Biotherm maintiendra-t-il une route conservatrice pour couvrir la menace la plus proche, ou prendra-t-il le risque de choisir un autre couloir avec la possibilité de se faire dépasser ?

Si l’équipe française s’engage en premier, elle pariera sur le fait que la flotte suivra. En prenant un autre trajectoire, elle devra se protéger contre plusieurs menaces. Couvrir un bateau est facile ; en couvrir quatre à plusieurs endroits est impossible. Dans les vents légers prévus, un gain de quelques nœuds peut devenir décisif. Pour Paprec Arkéa, Malizia et le reste du peloton, un tel changement est une opportunité de redistribuer les cartes.

« C’était assez animé derrière, donc nous pouvons être satisfaits de nous en être sortis proprement », a déclaré Will Harris, co-skipper de Malizia. « Au départ, un problème avec notre enrouleur (à l’étrave) nous a privés de ces deux premiers points à prendre, ce qui est frustrant car nous nous sentions rapides tout l’après-midi. Maintenant, nous sommes troisièmes et ça va. »

Même si les leaders réfléchissent à la stratégie à venir, la flotte pense à Holcim PRB et Allagrande MAPEI Racing, les deux bateaux contraints de revenir à Kiel après une spectaculaire collision latérale quelques minutes après le départ. Les deux équipes évaluent les dégâts et prévoient les réparations, avec l’intention affichée de revenir dès que possible. « C’était un coup au moral ; c’est dur de perdre deux concurrents ainsi », a déclaré Amélie. « Nous espérons tous qu’ils trouveront un moyen de revenir dans la course. »

Lundi après-midi, les équipes ont publié une déclaration conjointe :

À la suite de la collision survenue au départ de The Ocean Race à Kiel le 10 août, Team Holcim-PRB et AllaGrande Mapei Racing continuent de se concentrer pleinement sur l’évaluation des dommages subis par leurs bateaux, respectivement au chantier naval Knierim Yachtbau et dans le village de course à Kiel.

Les deux équipes tiennent à exprimer leur sincère gratitude à l’ensemble des membres de leurs équipes respectives, qui font preuve de résilience, d’esprit d’équipe et d’engagement.

Des réclamations officielles ont été déposées par Team Holcim-PRB et AllaGrande Mapei Racing. Ces réclamations seront examinées et évaluées par un Jury International à une date qui reste à déterminer. Nous continuerons à vous tenir informés dès que nous aurons de nouvelles informations.

Le plus important est l’intégrité des deux équipages qui sont sains et saufs. Un grand merci à toutes les autres équipes pour leur soutien et l’aide qu’ils nous ont proposée !

Actuellement, seulement 40 milles nautiques séparent les cinq IMOCA en course, avec le Canada Ocean Racing - Be Water Positive et Team AMAALA essayant de rester accrochés au trio de tête. La question est maintenant de savoir si Biotherm pourra conserver son avantage lorsque les contraintes de la côte danoise laisseront place aux choix ouverts de la mer du Nord.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...