
Les îles du Levant, de Port-Cros et de Porquerolles ne sont plus seulement le domaine des oiseaux marins et des promeneurs en quête de nature. Depuis quelques années, un visiteur inattendu bouleverse l’équilibre de ces territoires protégés : le sanglier. Et ces animaux n’arrivent pas par bateau... mais à la nage.
Des traversées impressionnantes
Venus du littoral varois, certains sangliers sont capables de parcourir plusieurs kilomètres à la nage pour atteindre les îles. Une prouesse physique qui étonne autant qu’elle inquiète, car une fois installés, ces mammifères robustes trouvent peu d’obstacles à leur expansion. Sur des espaces restreints, sans prédateur naturel, leur reproduction rapide entraîne une croissance fulgurante des populations.
Sur l’île du Levant, les signes de leur présence sont partout. Jardins retournés, clôtures arrachées, terrasses abîmées : les dégâts sont quotidiens. Les habitants modifient même leurs habitudes. « Le problème n’est pas la présence des sangliers, c’est le nombre ! », alerte Sophie-Dorothée Duron, directrice du Parc national de Port-Cros, citée par France 3. Dans certains secteurs, les sorties nocturnes sont évitées, par crainte de croiser un animal au détour d’un chemin.
La biodiversité sous pression
Les sangliers ne se contentent pas de perturber le quotidien des insulaires : ils modifient aussi profondément l’écosystème. Leur habitude de fouiller le sol pour chercher nourriture et larves endommage la flore et menace certaines espèces d’insectes, comme les cigales, dont le cycle de développement s’étale sur plusieurs années sous terre.
Face à cette situation, des opérations de régulation sont menées. Sur l’île du Levant, elles associent les équipes du Parc national, des chasseurs et, dans la zone militaire, l’armée. Mais malgré les prélèvements effectués chaque année, la tâche reste immense. Comme le résume Sophie-Dorothée Duron à France 3, il s’agit désormais de « trouver une compatibilité entre la biodiversité et les gens » - un équilibre fragile, menacé par un animal capable, littéralement, de conquérir la mer.