
La scène découverte à Louth Bay, sur la péninsule d’Eyre en Australie-Méridionale, a de quoi choquer même les habitués du littoral. Selon ABC News, un grand requin blanc de cinq mètres a été retrouvé échoué sur la plage, privé de sa mâchoire et le ventre ouvert. Une mutilation précise, qui ne laisse guère de doute sur l’intervention humaine. Les autorités pensent que l’animal aurait été tué, dépouillé, puis lesté pour couler avant d’être ramené par la marée.
Le Department of Primary Industries and Regions South Australia (PIRSA) a immédiatement ouvert une enquête. Près de la carcasse, les agents ont découvert le cadavre d’un lion de mer et la tête d’un thon rouge australien. Pour les enquêteurs, ces restes pourraient avoir été utilisés comme appâts afin d’attirer le squale, signe d’une action délibérée plutôt qu’un accident.
Pour Matt Read, directeur des opérations de PIRSA, la valeur potentielle des mâchoires sur le marché noir est un élément central de l’affaire. Un requin de cette taille possède des mâchoires impressionnantes, très recherchées par les collectionneurs et les trafiquants. Ce commerce illégal, souvent discret, peut impliquer des circuits internationaux.
Dans les colonnes d’ABC News, Adrian Linacre, professeur à l’université Flinders et spécialiste du commerce illégal d’animaux sauvages, parle d’une affaire « bizarre et inquiétante ». Il explique que si les grands requins blancs ne sont pas une cible habituelle pour ce type de trafic, certains spécimens rares ou imposants peuvent être tués uniquement pour leurs mâchoires, revendues comme trophées à des prix exorbitants.
La loi australienne est pourtant stricte : la capture et la mutilation d’un grand requin blanc, espèce protégée, sont passibles de lourdes sanctions pouvant atteindre 100 000 dollars d’amende et deux ans de prison. PIRSA conserve des échantillons biologiques du requin pour tenter d’identifier les auteurs et appelle toute personne disposant d’informations à contacter la hotline FishWatch.
Ce drame rappelle que, même au XXI? siècle, la convoitise humaine continue de menacer certaines espèces emblématiques. Pour les biologistes marins interrogés par ABC News, au-delà de la perte d’un animal mature, c’est tout l’équilibre fragile des écosystèmes marins qui se retrouve fragilisé par ce genre d’actes.