
Disparu depuis plus d’un demi-siècle des eaux niçoises, le requin-ange, emblème oublié de la Baie des Anges, pourrait bientôt retrouver son territoire d’origine. Des scientifiques étudient aujourd’hui sa réintroduction, un projet ambitieux mêlant écologie, mémoire et espoir.
Il fut un temps où l’on croisait ce drôle de poisson aux abords de la Promenade des Anglais. Plat comme une raie, mais bel et bien un requin, Squatina squatina - surnommé « ange des mers » - a longtemps peuplé les fonds sableux de la Côte d’Azur. Ses larges nageoires pectorales, semblables à des ailes, lui auraient même valu de donner son nom à la célèbre Baie des Anges.
Le dernier ange de mer observé à Nice remonte au milieu du XXe siècle. Victime du chalutage intensif, cette espèce qui vit enfouie dans les sédiments n’a pas résisté à la dégradation de son habitat. Classé aujourd’hui en danger critique d’extinction sur la liste rouge de l’UICN, le requin-ange ne subsiste plus que par quelques spécimens conservés dans du formol au Museum d’histoire naturelle de Nice. Ces jeunes individus, pêchés en 1820, rappellent qu’il fut autrefois bien présent le long du littoral.
Le rêve d’un retour dans la Baie des Anges
L’idée d’une réintroduction fait désormais son chemin. Portée par des biologistes marins et soutenue par Aurore Asso, championne d’apnée et subdéléguée au littoral à la ville de Nice, l’initiative pourrait redonner à la baie son lien originel avec cet animal mythique.
« C’est un rêve qu’on a tous, confie-t-elle, de voir ce requin revenir, pour enfin redonner à la Baie des Anges ses lettres de noblesse », rapporte Nice-Matin.
L’espèce n’a pourtant pas totalement disparu de Méditerranée : un spécimen a été observé au large de la Corse en 2020. De quoi nourrir l’espoir d’un retour progressif, à condition que les conditions environnementales soient réunies.
Réintroduire le requin-ange ne se résume pas à relâcher quelques individus. Il s’agit surtout de recréer un écosystème favorable : fonds sableux préservés, pêche durable, surveillance scientifique. Les défis sont nombreux, mais la portée symbolique est forte.
Voir à nouveau glisser cet « ange » sous les eaux niçoises serait bien plus qu’un succès écologique : ce serait la réconciliation d’une ville avec sa mer, et la renaissance d’une légende locale.
 
             
        
     
                                                                        
                                     
                                                                        
                                     
                                                 
                                                 
                                                 
                                                 
                                                 
                                                 
                                                 
                                                 
                                                 
                                                 
                                                 
                                                 
                                                 
                                                 
                                                 
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