
Espèce emblématique mais longtemps surexploitée, le mérou brun revient peu à peu dans les eaux méditerranéennes. Ce prédateur majestueux, protégé depuis plusieurs décennies, témoigne d’un fragile équilibre retrouvé entre pêche, protection et régénération des écosystèmes.
Dans les zones rocheuses du littoral méditerranéen, les plongeurs croisent à nouveau la silhouette massive du mérou brun (Epinephelus marginatus). Membre de la famille des serranidés, ce poisson à la robe brun-rouge tachetée, longtemps menacé par la surpêche et la pêche sous-marine, retrouve progressivement sa place dans les récifs et les fonds sableux.
Ce retour est le fruit de mesures de protection strictes, mises en place depuis les années 1990. La pêche du mérou est désormais interdite ou très encadrée dans de nombreuses zones marines, notamment en France, en Espagne et en Italie. Résultat : les populations se reconstituent lentement, à condition que la pression humaine reste limitée.
Le mérou brun fascine aussi par son biologie singulière. Il s’agit d’une espèce hermaphrodite protogyne : la plupart naissent femelles et deviennent mâles une dizaine d’années plus tard, une stratégie évolutive rare qui favorise la reproduction au sein de petits groupes territoriaux. Mais cette lente maturité sexuelle rend l’espèce particulièrement vulnérable à la pêche, car les plus grands individus, souvent les mâles, sont aussi les plus convoités.
Carnassier redoutable, doté de puissantes mâchoires et d’une quinzaine d’épines dorsales, le mérou brun règne sur son territoire. Il se nourrit de poissons, de crustacés et de pieuvres, qu’il aspire d’un seul coup de bouche.
Aujourd’hui, son retour progressif en Méditerranée reste un indicateur positif de la santé des milieux marins, mais aussi un rappel : sans vigilance, les progrès accomplis pourraient vite disparaître sous la pression de la surpêche et du tourisme sous-marin.
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