Vraie ou fausse bonne idée : nager avec les phoques ?

Plongée
Par Le Figaro Nautisme

L’image est irrésistible : un museau curieux qui émerge de l’eau, deux grands yeux ronds, et ce visage moustachu semblant sourire avant de replonger dans l’écume. De la Bretagne aux Hébrides écossaises, en passant par les côtes anglaises ou normandes, « nager avec les phoques » s’est imposé comme l’une des expériences marines les plus recherchées. Une rencontre que beaucoup imaginent douce et ludique. Pourtant, comme souvent avec les animaux sauvages, la réalité est plus délicate qu’elle n’en a l’air. Car derrière la promesse d’un instant magique, se cache une série d’enjeux liés à l’éthique, au stress animal et à la sécurité.

L’image est irrésistible : un museau curieux qui émerge de l’eau, deux grands yeux ronds, et ce visage moustachu semblant sourire avant de replonger dans l’écume. De la Bretagne aux Hébrides écossaises, en passant par les côtes anglaises ou normandes, « nager avec les phoques » s’est imposé comme l’une des expériences marines les plus recherchées. Une rencontre que beaucoup imaginent douce et ludique. Pourtant, comme souvent avec les animaux sauvages, la réalité est plus délicate qu’elle n’en a l’air. Car derrière la promesse d’un instant magique, se cache une série d’enjeux liés à l’éthique, au stress animal et à la sécurité.
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L’attrait d’une rencontre « amicale »

Leur allure pataude à terre contraste avec leur grâce sous-marine. En apnée ou en snorkeling, voir un phoque venir tourner autour de soi procure une émotion indéniable. Certains individus, notamment dans les colonies les plus habituées aux visiteurs, se montrent très curieux et s’approchent d’eux-mêmes, fascinés par les palmes et les bulles. L’illusion d’une complicité est forte. Pourtant, les spécialistes le rappellent : un phoque qui s’approche n’invite pas au contact. Il observe, jauge, puis s’éloigne dès qu’il se sent menacé. Les biologistes marins soulignent qu’un seul mouvement brusque ou une tentative de caresse peut déclencher une réaction défensive. Leur morsure, aussi puissante que celle d’un chien, provoque des blessures sérieuses et des infections redoutables. Le risque est encore plus marqué en période de mise bas, quand les femelles protègent leurs petits ou que les mâles défendent leur territoire.


Le stress invisible de la faune marine

Sous leur air placide, les phoques sont d’une sensibilité extrême aux dérangements. Les embarcations trop proches, les drones, les cris, ou les nageurs qui s’approchent sans précaution provoquent des réactions de fuite soudaines. Ces interruptions fréquentes les empêchent de se reposer, les forcent à consommer plus d’énergie et peuvent les conduire à abandonner certaines zones de repos essentielles. Dans les estuaires et les baies, les jeunes, moins agiles, se retrouvent parfois isolés ou séparés de leur mère.Des études menées en Écosse et en mer du Nord ont démontré que ces perturbations répétées entraînent une baisse de la reproduction et un affaiblissement du système immunitaire. Ce stress chronique n’est pas toujours visible à l’œil nu, mais il affecte profondément les colonies. Quant aux humains, les risques ne sont pas négligeables non plus : morsures, infections et comportements défensifs inattendus rappellent qu’un phoque, si photogénique soit-il, reste un prédateur opportuniste.


Quand le tourisme s’invite sur les bancs de sable

L’essor des excursions dédiées à l’observation des phoques attire chaque année davantage de curieux. Dans certaines zones comme la baie de Somme, les îles Scilly ou les Shetland, le nombre de visiteurs a triplé en une décennie. Ce tourisme, mal encadré, provoque parfois de véritables attroupements : kayaks, paddle, bateaux de promenade et nageurs convergent vers les mêmes colonies, dérangeant les animaux au moment où ils viennent se reposer ou muer.
Les conséquences sont visibles : déplacement des groupes vers des zones moins sûres, abandon de jeunes, et érosion accélérée des bancs de sable. Face à ces dérives, plusieurs réglementations locales se sont renforcées. En France, le Parc naturel marin de la baie de Somme recommande de maintenir une distance d’au moins 300 mètres et d’éviter toute tentative d’approche directe. En Écosse ou en Cornouailles, des chartes précisent clairement les règles : observation silencieuse, pas de nourrissage et surtout, jamais de contact physique. Les guides spécialisés privilégient les longues-vues ou les sorties à marée basse, où les phoques peuvent être observés sans intrusion.


Observer sans envahir

La fascination reste intacte, mais la clé d’une rencontre réussie réside dans la retenue. Observer un phoque dans son élément, sans l’effrayer ni perturber son comportement, procure une satisfaction bien plus durable que n’importe quelle photo. Les guides les plus respectueux insistent sur une approche lente, silencieuse et non intrusive : rester en surface, bouger peu, attendre. Si l’animal s’approche, c’est un privilège. S’il reste à distance, c’est à nous de la respecter. Les photographes sous-marins expérimentés le disent souvent : le moment le plus fort, c’est celui où le phoque décide de venir vous voir, non celui où l’on va vers lui. La patience et la discrétion sont les seules garanties d’un souvenir à la hauteur.


Entre fascination et responsabilité

Nager avec les phoques peut sembler anodin, mais cette pratique interroge notre rapport à la nature. Faut-il tout transformer en expérience de proximité ? L’équilibre entre émerveillement et respect reste fragile. Avant de réserver une sortie, mieux vaut choisir des opérateurs labellisés, éviter les zones sensibles, et se rappeler que la plus belle rencontre est souvent celle que l’on observe sans intervenir.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...
Irwin Sonigo
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Capitaine 200 et ancien embarqué dans la Marine nationale, Irwin Sonigo a exploré toutes les facettes de la navigation. Des premiers bords sur un cotre aurique de 1932 à la grande plaisance sur la Côte d’Azur, en passant par les catamarans de Polynésie, les voiliers des Antilles ou plusieurs transatlantiques, il a tout expérimenté. Il participe à la construction d’Open 60 en Nouvelle-Zélande et embarque comme boat pilote lors de la 32e America’s Cup. Aujourd’hui, il met cette riche expérience au service de Figaro Nautisme, où il signe des essais et reportages ancrés dans le réel.