
L’attrait d’une rencontre « amicale »
Leur allure pataude à terre contraste avec leur grâce sous-marine. En apnée ou en snorkeling, voir un phoque venir tourner autour de soi procure une émotion indéniable. Certains individus, notamment dans les colonies les plus habituées aux visiteurs, se montrent très curieux et s’approchent d’eux-mêmes, fascinés par les palmes et les bulles. L’illusion d’une complicité est forte. Pourtant, les spécialistes le rappellent : un phoque qui s’approche n’invite pas au contact. Il observe, jauge, puis s’éloigne dès qu’il se sent menacé. Les biologistes marins soulignent qu’un seul mouvement brusque ou une tentative de caresse peut déclencher une réaction défensive. Leur morsure, aussi puissante que celle d’un chien, provoque des blessures sérieuses et des infections redoutables. Le risque est encore plus marqué en période de mise bas, quand les femelles protègent leurs petits ou que les mâles défendent leur territoire.
Le stress invisible de la faune marine
Sous leur air placide, les phoques sont d’une sensibilité extrême aux dérangements. Les embarcations trop proches, les drones, les cris, ou les nageurs qui s’approchent sans précaution provoquent des réactions de fuite soudaines. Ces interruptions fréquentes les empêchent de se reposer, les forcent à consommer plus d’énergie et peuvent les conduire à abandonner certaines zones de repos essentielles. Dans les estuaires et les baies, les jeunes, moins agiles, se retrouvent parfois isolés ou séparés de leur mère.Des études menées en Écosse et en mer du Nord ont démontré que ces perturbations répétées entraînent une baisse de la reproduction et un affaiblissement du système immunitaire. Ce stress chronique n’est pas toujours visible à l’œil nu, mais il affecte profondément les colonies. Quant aux humains, les risques ne sont pas négligeables non plus : morsures, infections et comportements défensifs inattendus rappellent qu’un phoque, si photogénique soit-il, reste un prédateur opportuniste.
Quand le tourisme s’invite sur les bancs de sable
L’essor des excursions dédiées à l’observation des phoques attire chaque année davantage de curieux. Dans certaines zones comme la baie de Somme, les îles Scilly ou les Shetland, le nombre de visiteurs a triplé en une décennie. Ce tourisme, mal encadré, provoque parfois de véritables attroupements : kayaks, paddle, bateaux de promenade et nageurs convergent vers les mêmes colonies, dérangeant les animaux au moment où ils viennent se reposer ou muer.
Les conséquences sont visibles : déplacement des groupes vers des zones moins sûres, abandon de jeunes, et érosion accélérée des bancs de sable. Face à ces dérives, plusieurs réglementations locales se sont renforcées. En France, le Parc naturel marin de la baie de Somme recommande de maintenir une distance d’au moins 300 mètres et d’éviter toute tentative d’approche directe. En Écosse ou en Cornouailles, des chartes précisent clairement les règles : observation silencieuse, pas de nourrissage et surtout, jamais de contact physique. Les guides spécialisés privilégient les longues-vues ou les sorties à marée basse, où les phoques peuvent être observés sans intrusion.
Observer sans envahir
La fascination reste intacte, mais la clé d’une rencontre réussie réside dans la retenue. Observer un phoque dans son élément, sans l’effrayer ni perturber son comportement, procure une satisfaction bien plus durable que n’importe quelle photo. Les guides les plus respectueux insistent sur une approche lente, silencieuse et non intrusive : rester en surface, bouger peu, attendre. Si l’animal s’approche, c’est un privilège. S’il reste à distance, c’est à nous de la respecter. Les photographes sous-marins expérimentés le disent souvent : le moment le plus fort, c’est celui où le phoque décide de venir vous voir, non celui où l’on va vers lui. La patience et la discrétion sont les seules garanties d’un souvenir à la hauteur.
Entre fascination et responsabilité
Nager avec les phoques peut sembler anodin, mais cette pratique interroge notre rapport à la nature. Faut-il tout transformer en expérience de proximité ? L’équilibre entre émerveillement et respect reste fragile. Avant de réserver une sortie, mieux vaut choisir des opérateurs labellisés, éviter les zones sensibles, et se rappeler que la plus belle rencontre est souvent celle que l’on observe sans intervenir.
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