
L’apparition d’un dauphin solitaire dans le bassin de San Marco a surpris tout Venise. Depuis la fin juin, cet individu baptisé « Mimmo » a choisi l’un des lieux les plus fréquentés de la lagune pour évoluer à contre-courant des gondoles et des vaporettos. Une présence aussi prolongée reste exceptionnelle dans un environnement aussi urbanisé et bruyant.
Chaque jour, des passants s’arrêtent pour observer le cétacé glisser entre les embarcations. Mimmo semble s’être acclimaté à cette scène insolite, multipliant les apparitions près des quais. Son allure fluide et sa curiosité naturelle ont rapidement fait de lui une attraction spontanée autant qu’un sujet d’interrogations.
L’inquiétude discrète des biologistes
Si les images font rêver, les experts rappellent que la lagune n’est pas un habitat adapté. Le trafic est dense, les hélices nombreuses, le bruit sous-marin permanent. Les dauphins sont des animaux sociaux habitués aux grands espaces ; voir un individu évoluer seul dans une zone aussi perturbée interroge. Les chercheurs ont déjà tenté de l’escorter vers la mer ouverte, sans succès : Mimmo revient systématiquement vers la place Saint-Marc.
Un symbole des fragilités de la lagune
La présence du dauphin dévoile un paradoxe : Venise, archipel saturé de visiteurs, reste un espace où la faune sauvage peut encore surgir. L’arrivée de Mimmo rappelle les pressions exercées sur cet écosystème fragile et invite à repenser la circulation maritime, l’afflux touristique et la cohabitation avec la vie marine.
Et maintenant ?
Rien ne garantit que Mimmo quittera la lagune de lui-même, même si les spécialistes espèrent qu’il suivra naturellement les poissons hors des canaux. En attendant, les autorités recommandent de maintenir une distance suffisante et de ne pas perturber l’animal.
La ville observe, fascinée et prudente, ce visiteur inattendu qui, par sa seule présence, raconte autant Venise que la mer qu’elle oublie parfois.
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