Le Français, privé de la vue depuis l’enfance, raconte comment l’océan est devenu son espace d’émancipation totale
Dans les Pyrénées-Atlantiques, son nom circule bien au-delà des plages où il a appris à sentir les vagues. Thomas Da Silva, champion du monde de para-surf et aveugle depuis son plus jeune âge, est devenu l’une des figures les plus inspirantes du surf adapté. Pour lui, chaque mise à l’eau est une victoire intime. « Dans l’océan, on est 100 % libre », confie-t-il, résumant en une phrase toute la philosophie qui guide son parcours.
Surfer sans voir : une autre manière de lire la vague
Pour Thomas, la cécité n’a jamais été un mur infranchissable. Sur sa planche, il déploie d’autres sens, d’autres repères. L’équilibre, la pression de l’eau sur la carène, la résonance de la houle : chaque mouvement devient un signal.
Il surfe avec un guide, indispensable pour lui transmettre le tempo, la direction ou la puissance de la série. Le duo fonctionne comme un binôme parfaitement accordé, où la voix remplace les yeux. C’est ce travail fusionnel qui lui a permis de progresser jusqu’au plus haut niveau mondial.
Sa discipline, le para-surf, s’est imposée comme une évidence très tôt. Thomas voulait l’océan comme terrain de jeu, mais aussi comme territoire d’expression. Loin de la compétition uniquement, c’est surtout un rapport intime à la mer qui nourrit son engagement.
Quand il parle de ses titres mondiaux, il évoque rarement les podiums : il préfère décrire la sensation du take-off réussi, la glisse qui se prolonge, l’impression d’être « enfin à sa place ».
Ce lien à la mer, viscéral et libérateur, lui offre un espace de vie où la cécité cesse d’exister. « Il n’y a plus de regard, plus de jugement. Juste la vague », aime-t-il rappeler.
Un ambassadeur du sport adapté
Au-delà des performances, Thomas Da Silva s’engage pour rendre la pratique accessible. Il intervient régulièrement dans des clubs, auprès de jeunes en situation de handicap visuel, et défend l’idée que la mer n’exclut personne.
Il prône une vision simple : adapter la pratique plutôt que réduire l’ambition. Son parcours le prouve. Ses titres mondiaux sont devenus un symbole, mais c’est surtout sa détermination qui marque celles et ceux qui croisent sa route.
Une trajectoire qui dépasse le sport
L’histoire de Thomas est aussi celle d’une volonté absolue de transformer un handicap en force. Sur les rivages du Pays basque, où il s’entraîne, il inspire autant les surfeurs aguerris que les novices. Beaucoup voient en lui une démonstration éclatante de ce que permet le sport lorsqu’il s’ouvre et se réinvente.
vous recommande