
Le couperet est tombé à quelques heures d’un moment clé pour la profession. À la veille du réveillon, la vente des huîtres et des moules issues de étang de Thau a été interdite par les autorités sanitaires, plongeant les conchyliculteurs dans une situation d’urgence économique et morale. Pour ce bassin lagunaire emblématique de l’Hérault, la décision a résonné comme un nouveau choc, au pire moment possible de l’année.
À l’origine de cette interdiction, la détection de norovirus lors de contrôles sanitaires. Un virus bien connu des services de l’État, susceptible de provoquer de fortes gastro-entérites, et dont la présence entraîne automatiquement le retrait des coquillages du circuit commercial. La mesure est préventive et vise à protéger les consommateurs, mais ses conséquences sont immédiates pour les producteurs, dont une large part des ventes se concentre précisément sur les fêtes de fin d’année.
Sur les rives de l’étang, la colère et l’incompréhension dominent. Les professionnels évoquent une nouvelle catastrophe pour une filière déjà éprouvée par des années difficiles, entre mortalités massives, aléas climatiques et épisodes sanitaires à répétition. Les huîtres et moules étaient prêtes, calibrées, destinées aux étals et aux tables familiales. En quelques heures, des semaines de travail se sont retrouvées sans débouché.
Ce nouvel épisode rappelle la fragilité structurelle de l’étang de Thau, vaste lagune méditerranéenne où se concentre une part essentielle de la conchyliculture française. Si la qualité des produits n’est pas remise en cause sur le long terme, la récurrence de ces interdictions interroge sur la vulnérabilité du milieu et sur la capacité du territoire à mieux anticiper et gérer ces crises sanitaires.
Pour les producteurs, au-delà de la perte financière immédiate, c’est l’accumulation qui inquiète. Chaque alerte fragilise un peu plus l’équilibre économique des exploitations et alimente un sentiment d’usure. À l’approche des fêtes, l’étang de Thau se retrouve une nouvelle fois au cœur d’une tempête silencieuse, loin de l’image festive associée aux plateaux de fruits de mer, mais révélatrice des tensions profondes qui traversent aujourd’hui la filière conchylicole.
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