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Figaro Nautisme : Vous êtes depuis 2016, directrice générale du Vendée Globe. Quel a été votre parcours ?
Laura Le Goff : "J’ai un parcours assez atypique. Je ne suis pas issue du milieu de la voile malgré mes origines bretonnes et ma passion pour le sport ! Après l’obtention d’un master de Droit, j’ai occupé un poste de directrice juridique pendant 12 ans dans une société vendéenne qui travaille dans l’aménagement du territoire et le développement économique et dont l’actionnaire majoritaire est le département de la Vendée, tout comme la société organisatrice du Vendée Globe, la SAEM Vendée.
En 2014, il m’a été demandé d’apporter mon expertise juridique sur la partie règlementaire de l’activité de la SAEM Vendée et notamment celle des marchés publics procédures souvent complexes à appréhender sans formation spécifique.
En fait l’histoire se répète puisque’en 2004, quand Sophie Vercelletto a été nommée directrice générale du Vendée Globe et que la SAEM Vendée a été créée, elle était elle-même la directrice juridique de Vendée Expansion et je l’ai remplacée. J’ai donc suivi un peu le même parcours qu’elle ! Finalement le droit reste une solide formation, qui peut mener à beaucoup de choses."
F.N. : Comment avez-vous vécu votre première fois en tant que directrice générale dans un monde nouveau pour vous ?
L.LG. : "J’ai été nommée à la direction générale le 17 mai 2016. Six mois avant le grand départ de la course ! Cela a été intense, le Vendée Globe est un événement de taille et il fallait être à la hauteur de l’exercice. Avec du recul je me dis que j’ai eu la chance de ne pas avoir trop le temps de me poser des questions !
Tout d’abord, je tiens à souligner que j’ai été parfaitement accompagnée et soutenue par mon Président, également Président du Département de la Vendée. La feuille de route confiée était clairement définie : faire rayonner le Vendée Globe tout en préservant ses valeurs fondamentales.
C’est avec lui que j’ai rencontré pour la première fois les skippers à New York au moment de la New York – Vendée - Les Sables. Je me souviendrais toujours des premiers contacts qui ont été directs mais bienveillants. Les relations se sont imposées assez simplement je pense et je n’ai pas ressenti que le fait d’être une femme soit un frein non plus. Il a seulement fallu travailler afin de faire mes preuves.
En outre, il était absolument fondamental de tisser des relations de confiance avec les sportifs et les partenaires afin d’atteindre les objectifs fixés. Bien sûr j’avais assez peu de temps pour cela. Il a fallu donc s’immerger totalement dans l’événement et ses rouages."
F.N. : Une première édition pour vous, qui a dû vous être bien utile pour préparer celle de 2020 ?
L.LG. : "A la fin de la précédente édition, j’ai compris qu’il fallait très vite travailler sur l’édition suivante. Evidemment l’expérience acquise en 2016-2017 a facilité les choses. Je savais où je mettais les pieds et je savais qu’il fallait continuer. Nous étions assez en avance sur l’organisation du Village cette année, du site de l’événement, sur les relations avec les équipes, etc. Puis est arrivée la crise sanitaire. Nous avons su affronter les choses de façon assez organisée, nous avons proposé des solutions et nous nous sommes adaptés notamment avec les autorités avec qui nous avons eu des échanges permanents. La formation juridique a bien aidé dans ces moments ! Le fait de connaître le territoire, l’actionnaire également."
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F.N. : Quelles sont vos missions en tant que directrice générale ?
L.LG. : "Le directeur général est en quelque sorte un chef d’orchestre. C'est lui qui va choisir l'ensemble des compétences adéquates pour mener à bien l'évènement. A titre d'exemple, sur la partie sportive, j'ai notifié le marché de direction de course qui a été attribué à Jacques Caraës et son équipe. Dans le quotidien avec Jacques Caraës, une vraie relation de confiance s'est créée. Par ailleurs il a fallu également s'entourer d'une équipe de communicants afin d'assurer la production vidéos, photos, l'éditorial, le digital... de la course. Enfin le rôle du directeur général est également d'assurer l'ensemble des relations avec les institutions et les partenaires du Vendée Globe."
F.N. : Et une fois cette édition terminée ?
L.LG. : "On commence par tirer le bilan médiatique et sportif de l’édition et on prend quelques semaines de vacances aussi ! Le Vendée Globe c'est long et il faut vite relancer la machine. Dès leur arrivée, certains skippers auront besoin de connaître rapidement les règles du jeu pour la prochaine édition. Finalement, tout va très vite et 4 ans ce n'est pas de trop pour organiser un Vendée Globe !"